Le thème des systèmes alimentaires durables et de la sécurité alimentaire devait être traité par la Commission européenne avec sa Communication sur l’alimentation durable en 2014, qui a finalement été retirée. Le thème a été partiellement repris dans la stratégie Europe 2020, la politique agricole commune 2014-2020 et le paquet sur l’économie circulaire. Cependant, il existe actuellement une lacune dans la politique de l’UE en matière d’alimentation durable. Il est nécessaire de coordonner les politiques et actions actuelles dans différents domaines (agriculture et développement rural, protection de l’environnement, emploi, etc.) et les transformer en un cadre intégré et durable de la politique alimentaire de l’UE, axé non seulement sur le développement économique et social des régions de l’UE, mais aussi sur la cohésion territoriale, la santé, la culture et les perspectives de croissance de l’Europe dans son ensemble.
Un avis du Comité des Régions sur une politique alimentaire durable de l’UE est en voie
Le Comité des régions (CdR) élabore actuellement un avis sur une politique alimentaire durable de l’UE qui abordera la question de la production alimentaire de manière plus globale, en promouvant des modes de production et de consommation alimentaires plus durables et en établissant un lien entre les politiques alimentaires et les autres politiques (voir le projet d’avis et les questions à soulever) afin d’assurer la sécurité alimentaire. L’avis sera examiné lors de la Commission des ressources naturelles le 2 février 2017, puis soumis à un vote lors de la plénière du CdR en mars (22-23 mars 2017).
L’épuisement des ressources naturelles et les taux de rendement imprévisibles affectent directement la sécurité alimentaire. L’incertitude, à son tour, provoque la volatilité des prix alimentaires, ce qui a un impact négatif sur les petits exploitants agricoles et les consommateurs les plus démunis en particulier. En outre, un système alimentaire non durable a un impact négatif direct sur l’environnement, car des pratiques agricoles non durables entraînent une plus grande perte de biodiversité, un appauvrissement de la fertilité des sols et d’avantage de pénurie d’eau. D’autres facteurs indirects contribuent au problème global de la sécurité alimentaire pour tous, comme la croissance de la population mondiale et la concurrence pour les ressources alimentaires provenant d’autres secteurs (énergie par exemple). Le fait que les citoyens européens ont tendance à consommer de moins en moins d’aliments durables et bons pour la santé ajoute également au problème.
Cependant, des systèmes alimentaires durables existent dans l’UE, bien qu’ils soient souvent difficiles d’accès pour les personnes vivant loin des zones rurales ou lorsque la longueur de la chaîne d’approvisionnement compromet sa durabilité. Même si les consommateurs exigent des aliments durables, le manque de mesures incitatives empêche l’évolution des modèles économiques durables. En effet, le défi du développement durable est omniprésent de nos jours, d’autant plus que l’Agenda 2030 de l’ONU a consacré l’Objectif de Développement Durable n° 2 à la faim, à la nutrition et à l’agriculture. Cette vision pousse à une approche politique intégrée plutôt qu’à une approche thématique (environnement – déchets – biodiversité – eau – tourisme – changement climatique) ; ainsi qu’à une gouvernance à plusieurs niveaux afin d’écouter les demandes des consommateurs et de préserver le patrimoine culturel (avec des indications géographiques par exemple), mais aussi stimuler un changement de modèle d’entreprise et sensibiliser la population (santé et éducation). Cette politique devrait être plus large que les marchés publics et les campagnes de sensibilisation.
Selon le CdR, une politique alimentaire durable devrait couvrir, de manière holistique, et en tenant compte des principes de gouvernance à plusieurs niveaux, un certain nombre de questions allant de: 1) l’approvisionnement en eau et en nourriture, 2) les services écosystémiques, 3) la promotion d’une consommation alimentaire saine et de qualité et 4) la préservation du patrimoine culturel et historique fortement associé à la consommation d’aliments régionaux.
L’importance de considérer l’agriculture de montagne dans l’avis du CdR
Pour recevoir les réactions des parties prenantes, le Comité des Régions a organisé une audition publique le 28 novembre 2016 où Euromontana a suggéré que le Comité des régions tienne compte de la question des systèmes et produits alimentaires de montagne et de l’importance de la qualité et de l’origine. En effet, au cours de la réunion, le Comité des régions proposait un système d’indicateurs de durabilité qui serait évalué à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement alimentaire pour assurer l’application d’une future politique de l’UE, mais ce système d’évaluation pourrait s’avérer trop coûteux en temps et en argent pour les petits producteurs, notamment dans les zones de montagne. Dans l’opinion à venir du CdR, les petits producteurs ne doivent pas être oubliés et la reconnaissance de la qualité de leur production par le biais du système de qualité facultatif pour les produits de montagne est un pas pour le développement rural et vers une plus grande cohésion territoriale.
10 janvier 2017