Les forêts couvrent 42% du territoire de l’Union européenne et font partie de notre patrimoine naturel. Si elles sont actuellement confrontées à divers problèmes, tels que les feux de forêt, elles peuvent également y apporter une réponse. La conférence « Nos forêts, notre avenir », organisée par la Commission européenne les 25 et 26 avril 2019, avait pour objectif d’explorer le potentiel des forêts dans l’atténuation du changement climatique, l’établissement de la nouvelle bioéconomie, la protection de la biodiversité et de l’environnement ainsi que dans l’apport de ressources aux communautés locales.
Les forêts, un outil essentiel pour les politiques environnementales européennes
Tous les intervenants ont mis en évidence le potentiel des forêts en matière de climat et d’innovation. La Commission européenne souhaite associer la gestion des forêts à la réduction de 30% des émissions d’ici 2030 et à la promotion de la recherche et de l’innovation sur la bioéconomie et l’économie circulaire. « Les forêts font partie de la solution, c’est pourquoi elles doivent être gérées de manière durable » a déclaré Miguel Arias Cañete, Commissaire chargé de l’Action pour le Climat et de l’Energie. Les forêts constituent un puits de carbone important mais aussi une source de biomasse, qui peut être une alternative au pétrole.
Le grand potentiel des forêts a conduit les intervenants à encourager une utilisation plus large des ressources forestières pour faire face aux défis d’aujourd’hui. Peter Holmgren, chercheur et ancien Directeur Général du Centre pour la recherche forestière internationale, a par exemple exprimé sa déception concernant l’accord de Paris. L’article 5 de l’accord mentionne certes la foresterie comme une solution pour lutter contre le changement climatique mais ne mentionne les forêts que comme des réservoirs de carbone, tandis que le dernier rapport du GIEC mentionne clairement les ressources forestières comme une alternative crédible au pétrole. Selon les acteurs du secteur forestier, l’augmentation de l’utilisation du bois peut être durable, si cela s’inscrit dans le modèle de l’économie circulaire. Une vision qui semble être partagée par les représentants des régions, puisque le Comité des Régions appelait quelques jours avant la conférence à un « virage vers les produits forestiers, dans la construction et la production d’énergie par exemple » pour « générer des emplois et des recettes fiscales pour les régions à faible densité de population », a déclaré Ossi Martikainen, rapporteur de l‘avis.
« L’initiative 1 hectare » : une nouvelle proposition pour les forêts de l’UE
L’événement a également été l’occasion pour la Commission européenne de faire le point sur ses travaux concernant les forêts. En décembre 2018, la Commission a adopté son rapport au Parlement et au Conseil sur l’évaluation à mi-parcours de la Stratégie de l’UE pour les forêts de 2013, soulignant les progrès réalisés dans les différents aspects de la gestion durable des forêts. D’autres actions de l’UE traitent également de cette question, telles que la Stratégie de l’UE pour la bioéconomie et Pilier 2 de la PAC.
À cet égard, Phil Hogan, Commissaire à l’Agriculture et au Développement Rural, a proposé une nouvelle mesure visant à encourager le reboisement, « l’initiative 1 hectare ». Possiblement financée par le deuxième pilier de la PAC, cette mesure « récompenserait les agriculteurs pour le reboisement d’un hectare, à condition que le reboisement se fasse de manière respectueuse de la biodiversité et associe objectifs climatiques et environnementaux », a-t-il expliqué. Hogan a ajouté que « la parcelle reboisée pouvait être soit une terre marginale soit entre de grands champs où plus de biodiversité ou divers éléments du paysage sont nécessaires », ouvrant des perspectives pour le sylvopastoralisme. En montagne, cette pratique peut aider à lutter contre les feux de forêt, à enrichir les sols et à diversifier les activités agroéconomiques.
Pour réduire le fardeau administratif d’une telle mesure, Hogan a ajouté qu’il pourrait s’agir d’un paiement forfaitaire par an et par hectare. L’initiative d’un hectare est toutefois facultative et la décision de l’inclure dans les plans stratégiques incombe à chaque État membre, comme l’a déclaré Hogan : « La future PAC en offre l’occasion, mais la volonté politique de mettre en œuvre cette initiative doit venir des États membres. J’espère donc que vous passerez le mot. » L’initiative de la Commission pourrait constituer une solution pour apaiser les tensions dans un secteur politique où le principe de subsidiarité confère aux États membres la compétence politique, comme l’ont rappelé certains intervenants lors de la conférence ainsi que le Conseil dans ses conclusions d’avril 2019 sur la mise en œuvre de la stratégie de l’UE pour les forêts.
Vous trouverez toutes les informations sur la conférence ainsi que des présentations ici.
29 avril 2019