Par Isabeau Ottolini, Spécialiste en sciences sociales et environnementales
Il y a quelques mois, nous vous informions de l’initiative menée par l’Italie, l’Autriche et la Grèce pour inscrire la transhumance sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Aujourd’hui, nous avons de bonnes nouvelles !
Lors de la réunion de décembre de l’UNESCO à Bogota, en Colombie, la tradition millénaire de la transhumance a été acceptée comme patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Le jour de la décision était tout à fait approprié puisque la décision a été adoptée le 11 décembre, Journée Internationale de la Montagne, car la transhumance a souvent lieu dans les zones de montagne. L’Italie, l’Autriche et la Grèce ont entamé la candidature à l’UNESCO en 2017 ; Euromontana félicite ses organisations membres impliquées dans cette initiative visant à sauvegarder les spécificités des montagnes.
La transhumance est le déplacement saisonnier du bétail et des bergers sur des routes anciennes vers les meilleurs pâturages. C’est une activité économique basée sur une relation unique entre la nature et l’Homme. De plus, c’est l’une des pratiques d’élevage les plus durables grâce à la connaissance approfondie des éleveurs sur l’environnement, l’équilibre écologique et leurs animaux.
La reconnaissance de la transhumance comme patrimoine de l’UNESCO est une grande victoire pour l’Italie, l’Autriche et la Grèce car elle reconnaît officiellement son caractère unique, ainsi que son importance culturelle et environnementale. De plus, elle peut encourager davantage les actions visant à protéger la transhumance, car de nos jours, de moins en moins de personnes choisissent ce mode de vie. Ainsi, non seulement une activité économique durable disparaît, mais aussi les traditions sociales, les produits alimentaires ou encore l’artisanat, pour ne citer que quelques exemples.
Dario Franceschini, Ministre italien du Patrimoine, des Activités Culturelles et du Tourisme, a déclaré qu’il était « fier de l’inscription de la transhumance sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Une culture dont les origines se perdent dans le temps, dont découle un message d’intégration, non seulement entre les paysages mais aussi entre les civilisations« .
Cependant, de nombreux autres pays européens ont des traditions similaires, souvent dans les zones de montagne. Par exemple, en Roumanie il y a le « După coada oilor » et en Norvège le « Seterkultur ». Et bien que tous les pays n’aient pas rejoint la proposition d’inscription, des efforts sont faits pour reconnaître la transhumance dans les montagnes européennes, comme le Livre blanc sur la transhumance en Espagne, ou le sentier culturel de Valachie en Pologne et en Slovénie. De plus, d’autres pays peuvent se joindre à la protection de l’UNESCO mais doivent d’abord réussir à faire reconnaître la transhumance comme patrimoine culturel au niveau national. La France, par exemple, travaille actuellement à la collecte de données sur ses différents massifs et le Ministère de la Culture devrait déposer le dossier national au printemps 2020. De même, l’Espagne pourrait également rejoindre le dossier italien, grec et autrichien en février 2021. Les pays scandinaves pourraient rejoindre le dossier plus tard, lors d’une deuxième vague d’agrégation, mais ils doivent d’abord faire reconnaître cette pratique par leurs gouvernements respectifs.
Suite à la bonne nouvelle de la session de l’UNESCO du 11 décembre 2019, des efforts supplémentaires peuvent ainsi être faits pour agréger plus de pays sous cette protection et mieux promouvoir les bénéfices sociaux, culturels et agro-environnementaux de la transhumance. Que fait votre région pour valoriser et protéger les pratiques de transhumance ?
7 janvier 2020