La nouvelle Stratégie Biodiversité pour 2030 de l’Union européenne, présentée en mai 2020, a fixé de nouveaux objectifs pour la protection de la biodiversité dans l’Union européenne. Parmi ces objectifs, la stratégie fixe l’objectif d’atteindre 30% de terres protégées (soit une augmentation de 4% par rapport à 2020) et 10% de zones strictement protégées (contre 3% en 2020). La volonté de la Commission européenne de protéger davantage les zones à fort potentiel environnemental et vulnérables face au changement climatique a des répercussions sur les territoires de montagne, sachant que 43% des zones Natura 2000 sont par exemple actuellement situées en zone de montagne.
Comment ces nouvelles zones protégées seront-elles désignées, quelles activités seront autorisées dans les zones strictement protégées et quelles seront les implications pour les populations de montagne ? Des éléments de réponse sont disponibles dans le document publié le 28 janvier 2022 par la Commission européenne, qui fournit des orientations aux États.
Quelles sont les activités autorisées et interdites dans les zones strictement protégées ?
Les 10% de zones strictement protégées sont un sous-ensemble de l’objectif de 30% de zones protégées, ce qui signifie que les zones strictement protégées appliqueront les conditions de conservation applicables aux zones protégées ainsi que des mesures de préservation supplémentaires et plus restrictives. Selon la Commission européenne, ces zones strictement protégées doivent être des territoires « particulièrement riches en biodiversité et qui doivent être laissés intacts par l’activité humaine ». Cependant, dans ces zones dites de « non-intervention », certaines activités limitées devraient rester autorisées si elles n’interfèrent pas avec les processus naturels ou si elles les améliorent. Ces activités comprennent :
- La recherche scientifique,
- La prévention des catastrophes naturelles (comme les mesures de prévention des incendies de forêt, telles que les actions qui seront menées dans le cadre de notre projet Horizon 2020 FIRE-RES),
- Le contrôle des espèces exotiques envahissantes,
- Les activités et installations non intrusives,
- Les activités récréatives non intrusives et strictement contrôlées. Selon la Commission européenne, ces activités doivent toutefois être conformes aux objectifs de conservation de la zone et doivent faire l’objet d’une évaluation au cas par cas,
- Le fauchage ou le pâturage des prairies est reconnu par la Commission européenne comme une intervention humaine qui contribue à la préservation et à l’amélioration des habitats. Toutefois, les lignes directrices soulignent également que le pâturage devrait être autorisé s’il est limité à l’intensité nécessaire pour préserver les prairies en question. Cela souligne l’importance de la gestion durable des prairies, comme le démontre le projet LIFE OREKA MENDIAN dans son livret de bonnes pratiques et ses recommandations.
Prochaines étapes
Euromontana salue les lignes directrices élaborées par la Commission européenne et se réjouit que les zones strictement protégées n’interdisent pas toute activité humaine. Dans de nombreuses zones de montagne, l’absence d’activité humaine comme le pastoralisme entraînerait un mouvement de ré-ensauvagement qui pourrait endommager les habitats et les espèces locales et pourrait entraîner une perte de services écosystémiques (prévention contre les avalanches ou les chutes de pierres, séquestration du carbone par exemple).
Par ailleurs, les montagnes sont riches en biodiversité et en paysages. Il est donc essentiel que les communautés locales et les visiteurs puissent profiter de leurs paysages sans nuire à l’environnement. Certaines zones de montagne sont confrontées à des défis particuliers tels que le sur-tourisme, qui peut affecter la reproduction des espèces, la conservation des habitats et l’érosion des sols. Euromontana salue donc la possibilité d’activités récréatives limitées et contrôlées dans les zones strictement protégées.
Les lignes directrices de la Commission européenne restent cependant des recommandations non contraignantes pour les Etats membres. Euromontana appelle donc les Etats membres à agir en concertation avec les autorités régionales et locales et avec les communautés locales pour définir ces nouvelles zones protégées et strictement protégées afin d’éviter tout conflit dans l’utilisation de ces terres.
2 février 2022