Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a récemment publié la deuxième partie du Sixième Rapport d’Évaluation, Changements Climatiques 2022 : Impacts, Adaptation et Vulnérabilité, qui comprend un chapitre entier sur les montagnes. Ce nouveau rapport souligne les interdépendances entre le système climatique, les écosystèmes et les communautés humaines, et met en évidence le besoin urgent de déployer davantage d’efforts pour s’adapter au changement climatique. Cela vaut en particulier pour les zones de montagne, où le changement climatique est plus rapide.
Le rapport rappelle que le changement climatique aura des répercussions négatives dans les zones de montagne et des effets en cascade sur les communautés des plaines, qui sont souvent tributaires des services écosystémiques fournis par les montagnes. Des incendies plus fréquents ou plus graves affecteront par exemple les écosystèmes. L’augmentation de la température aura également un impact sur l’approvisionnement en eau des populations et des secteurs concernés. À l’échelle mondiale, 68 % des zones agricoles irriguées dans les plaines dépendent par exemple des apports essentiels en eau de ruissellement provenant des montagnes et la production alimentaire pourrait donc pâtir de la fonte des glaciers.
Les scientifiques du GIEC ont étudié un large éventail de mesures d’adaptation mises en œuvre dans les zones de montagne. Certaines solutions sont désormais bien connues dans le secteur agricole, comme la diversification des cultures, l’utilisation de variétés locales et le soutien aux savoirs locaux et aux bergers qui contribuent à maintenir la valeur productive de l’agriculture de montagne. Il y a également de plus en plus d’exemples de régions qui adoptent des stratégies pour stimuler l’adaptation de leur industrie touristique en diversifiant l’offre et en diminuant la dépendance au tourisme de ski, comme cela a été fait dans les Pyrénées. En mai 2021, Euromontana a organisé le webinaire « Smart mountains – Adaptation climatique : quelles opportunités pour les entreprises de montagne? » qui a présenté plusieurs exemples de stratégies d’adaptation réussies dans les secteurs du tourisme, de la sylviculture et de l’agriculture dans les montagnes européennes.
Parmi toutes les mesures d’adaptation étudiées par les scientifiques du GIEC, 91 % impliquent des individus ou des ménages, souvent engagés dans l’agriculture et/ou le pastoralisme, respectivement 31 % et 29 % impliquent des gouvernements locaux et des acteurs de la société civile locale ou régionale, tandis que seulement 10 % impliquent le secteur privé. En outre, la plupart des mesures d’adaptation mises en œuvre se sont jusqu’à présent concentrées sur l’adaptation de l’agriculture et du tourisme, tandis que les autres domaines sont relativement négligés.
Le rapport du GIEC souligne que les efforts actuels d’adaptation sont insuffisants pour faire face aux risques futurs dans les zones de montagne. Les observations faites par les chercheurs montrent que les actions mises en œuvre ne répondent pas à des enjeux suffisants, étant trop souvent limitées aux secteurs de l’agriculture et du tourisme, n’incluent pas suffisamment les opérateurs privés, n’engagent pas assez les communautés locales et leurs besoins, et font face à des obstacles liés à l’acceptabilité sociale et économique de certaines mesures de transition et d’adaptation. Le rapport souligne donc que les stratégies d’adaptation réussies doivent impliquer les populations locales et répondre à leurs préoccupations et valeurs, plutôt que de se concentrer sur un seul risque et sur les acteurs directement impliqués. Il appelle également à une meilleure gouvernance afin de construire une cohérence et des stratégies d’adaptation ambitieuses pour les zones de montagne au-delà des frontières administratives.
Euromontana partage les préoccupations du GIEC sur l’urgence d’une meilleure adaptation au changement climatique en montagne. Euromontana salue les initiatives d’adaptation menées dans les secteurs de l’agriculture et du tourisme, mais appelle également à un déploiement plus large des efforts. La coopération entre les territoires et avec les communautés locales est toujours plus fondamentale pour construire des territoires résilients et résoudre les conflits liés à l’utilisation des ressources naturelles.
15 mars 2022