L’afforestation des zones de montagne peut être contre-productif pour la conservation des habitats et des espèces, souligne la Commission européenne dans ses lignes directrices pour un Boisement, un Reboisement et une Plantation d’Arbres Respectueux de la Biodiversité, récemment publiées et destinées aux acteurs publics et privés du secteur forestier.
Ces lignes directrices découlent de la nouvelle Stratégie Forêt de l’UE, adoptée en 2021, qui vise à planter 3 milliards d’arbres d’ici à 2030. Ces lignes directrices prévoient notamment l’évaluation de l’habitat cible, la plantation d’espèces autochtones ou adaptées aux conditions locales et la prise en compte de l’impact du changement climatique, par exemple en encourageant la plantation d’espèces mixtes afin de rendre les forêts plus résistantes aux phénomènes climatiques extrêmes tels que les incendies ou la sécheresse.
Euromontana salue l’approche adoptée dans ces lignes directrices, qui favorisent une gestion territorialisée de l’afforestation et reconnaissent ses effets néfastes dans certains contextes locaux. Le document mentionne notamment que les zones de montagne abandonnées ne se prêtent pas au boisement, qui se ferait au détriment de la biodiversité non forestière dans les paysages ouverts. La Commission note également que l’afforestation doit être évitée dans les prairies, les zones humides, certaines zones Natura 2000 et les zones qui fournissent des services écosystémiques, qui sont communes dans les zones montagneuses.
Euromontana avait mis en garde contre une afforestation à l’aveugle des zones de montagne dans sa position publique sur la Stratégie Forêt 2030, ainsi que suite à l’adoption par le Parlement européen d’un rapport appelant à l’afforestation et à la reforestation « en particulier sur les terres abandonnées non adaptées à la production alimentaire, à proximité des zones urbaines et périurbaines, ainsi que dans les zones montagneuses le cas échéant ».
Ces recommandations équilibrées, adaptées aux différents espaces et paysages, sont donc cruciales, tout comme la prise de conscience de l’utilisation multifonctionnelle des forêts. Bien qu’elles ne soient pas contraignantes, Euromontana appelle les États membres à intégrer ces lignes directrices dans leurs recommandations nationales et encourage les acteurs forestiers à les respecter afin d’éviter les impacts négatifs sur les écosystèmes locaux et, le cas échéant, de promouvoir des forêts plus résilientes face au changement climatique.
25 avril 2023