Agriculture et développement rural durables en montagne
Les constats à l’origine du projet
La mise en place du projet ADRD-M part du principe que les populations de montagne sont souvent des populations indigènes fortement frappées par la pauvreté et la faim. 270 millions de personnes sur les 720 millions sont victimes de l’insécurité alimentaire et 135 millions souffrent de façon chronique de la faim.
Par ailleurs, les montagnes sont fondamentales pour la vie humaine: elles fournissent de l’eau douce à 50% de la population mondiale, sont l’entrepôt de diversité génétique de la planète et une source précieuse de produits de base. les écosystèmes montagneux fragiles qui fournissent ces biens et services à la société sont menacés de surexploitation ou d’abandon du fait de la mondialisation, de la dynamique des population et de des changements climatiques.
Faire de l’agriculture durable dans les régions de montagne une condition préalable pour protéger l’environnement montagneux, favoriser l’économie rurale, les moyens d’existence des montagnards ainsi qu’assurer la fourniture de services au reste de la planète.
Le projet
ADRD-M est un projet multi-acteurs qui a pour objectif de soutenir les moyens d’existence des ruraux dans les régions de montagne en facilitant la réalisation, la révision, la mise en oeuvre et l’évaluation de politiques d’ensemble et de processus institutionnels qui soutiennent l’ADRD dans les régions de montagne aux niveaux mondial, régional et national. Le projet bénéficie des conseils du groupe d’Adelboden et d’une tribune multi-acteurs pour la discussion de politiques et d’instruments d’action, d’échanges d’expériences et de préparation d’intiatives pour le développement durable dans les régions de montagne.
Le projet s’appuie sur des centres de coordination sur chacun des continents. Euromontana est le centre de coordination pour l’Europe.
Activités du projet
Le projet a été organisé en deux phases et a couvert plusieurs types d’activités.
Evaluation des politiques, institutions et processus – 2005-2007
Au cours des 3 premières années, les partenaires du projet ont conduit des évaluations afin de fournir un éclairage sur les forces et les faiblesses des diverses politiques liées à l’agriculture et au développement rural durable en montagne. Suite à ces évaluations des recommandations et propositions ont été formulées pour des activités de suivi susceptibles d’aider à améliorer la situation dans les pays où l’analyse avait été conduite. Ces évaluations ont été conduites en respectant un cadre général facilitant ensuite l’émergence de questions et réflexions communes.
Les évaluations ont été conduites en adoptant une approche basée sur 4 principes:
- définition de l’agriculture et du développement rural durables (ADRD): l’agriculture et le développement rural sont durables lorsqu’ils sont écologiquement rationnels, économiquement viables, socialement justes et culturellement appropriés. L’ADRD aborde non seulement l’agriculture mais aussi les ressources naturelles, l’environnement, la santé ainsi que les sercteurs social, institutionnel et économique.
- Politiques, institutions et processus: l’évaluation des politiques d’ADRD met un accent particulier sur l’analyse des processus et institutions associés à la formulation, la mise en oeuvre, le suivi et l’évaluation des politiques.
- Les spécificités des montagnes: les montagnes possèdent des spécificités, qui constituent des potentiels pour des produits et activités bénéficiant d’un avantage comparatif. L’évaluation analyse de quelles façons ces potentialités et diversités peuvent être exploitées pour promouvoir un développement durable.
- Approche participative et qualitative: les analyses présentent un caractère qualitatif et utilisent une approche participative à chaque étape du processus. Des ateliers multi-acteurs sont également organisés aux niveaux décentralisés et/ou national puis à partir des résultats des évaluations de pays, des ateliers régionaux sont organisés.
Ces évaluations ont également examiné les politiques économiques, sociales, environnementales et institutionnelles pertinentes relatives au point d’entrée et aux autres questions liées, pour conduire à une vision inter-sectorielle. Ces analyses ont été conduites dans les pays suivants:
- Asie: Bhoutan, Chine (Sichuan), Inde (Sikkim, Népal)
- Amérique latine: Colombie, Equateur, Pérou, Costa Rica, Nicaragua
- Europe et méditerranée: République Tchèque, Pologne, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Ukraine, Albanie, Bulgarie, Ancienne république yougoslave de Macédoine, Liban, Maroc.
Evaluer les externalités positives et négatives des zones de montagne – 2007-2010
Le deuxième type d’activité a consisté à analyser les externalités positives et négatives des montagnes, en s’appuyant sur une revue comparative des méthodes et des outils existants sur les questions suivantes: eau, tourisme, biodiversité, patrimoine agricole, connaissances locales, tendances démographiques, diversité des moyens d’existence, services sociaux et environnementaux.
- Voir le portail de la FAO dédié au paiement des services environnementaux dans les paysages agricoles (PESAL)
Les activités d’Euromontana
Euromontana est particulièrement intervenue sur ces activités, organisant, en synergie avec son travail de long terme sur les externalités positives, des activités de recherche, d’étude et de communication sur les externalités positives dans les montagnes d’Europe. Deux rapports de référence ont été réalisés, chacun nourri d’une analyse théorique et de cas d’étude:
- « Externalités positives des montagnes: valorisation par les politiques et le marché » – Richard Robinson, 2007
- « Le développement de la montagne basé sur des atouts culturels et environnementaux: cas d’étude européens et propositions pour orienter des projets dans les Balkans et les Carpates » – Richard Robinson, 15 avril 2009 (en anglais)
Un séminaire a été organisé les 19 et 20 mai 2009 à Vienne pour discuter des résultats du rapport du 15 avril 2009 sur le thème « Comment mieux rémunérer les populations rurales pour les externalités positives qu’elles fournissent: leçons de différents cas d’étude à travers l’Europe et pertinence pour les montagnes de l’Europe du Sud-Est et des Carpates ».
- Voir le rapport final du séminaire (en anglais)
Renforcer les institutions locales en fournissant des matériels pédagogiques
La troisième activité du projet a consisté à renforcer les institutions locales, en élaborant du matériel pédagogique et des sessions de formation, en collaboration avec les ONG, les associations de producteurs, les coopératives. Le projet a également élaboré une base de données des organisations, programmes et projets qui travaillent, à tous niveaux, sur l’agricutlure et le développement rural durable des zones de montagne.
Conclusions du projet et perspectives
Le projet a été temporairement arrêté à la fin de sa deuxième phase le 28 février 2010. Le comité de pilotage du projet à la FAO a décidé de reconfigurer le projet pour prendre en compte l’importance croissante des questions liées au changement climatique et à la sécurité alimentaire. Le groupe d’Adelboden continue de conseiller la FAO sur la configuration d’un nouveau projet ou d’une nouvelle étape d’ADRD-M qui reste encore, à ce jour, à définir.
- En savoir plus sur le projet ADRD-M