Etiquetage nutritionnel, état des lieux européen
Le nutriscore est un étiquetage figurant sur la face avant de l’emballage des produits alimentaires, qui leur attribue une note de A à E en fonction de l’aspect nutritif de leurs ingrédients. Appliqué pour la première fois en France en 2017, son application est maintenant officiellement recommandée (mais pas obligatoire) par l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Espagne.
En 2019, un groupe d’associations de consommateurs a soumis une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) « Pro-nutriscore », appelant l’Union Européenne à rendre le dispositif obligatoire dans tous les pays de l’UE. Suite au débat lancé par cette ICE, la Commissaire européenne à la Sécurité Alimentaire, Stella Kyriakides, a finalement annoncé en mai qu’un tel étiquetage ne deviendrait pas obligatoire dans le cadre de la stratégie « de la ferme à la table ».
Si l’harmonisation des emballages alimentaires reste un objectif de cette stratégie de la ferme à la table, le débat reste vif au niveau de l’UE avec de fortes divergences au Conseil de l’UE entre les Etats Membres : alors que certains Etats membres souhaitent la mise en œuvre du Nutriscore d’autres, comme l’Italie, proposent des dispositifs alternatifs comme le Nutriform – qui indique au consommateur dans un symbole de pile l’apport du produit par rapport à ses besoins énergétiques quotidiens.
Des risques pour les produits de qualité, les agriculteurs et les consommateurs
Les débats entre les Etats Membres sur le nutriscore ont poussé certains pays, lors du dernier Conseil Agriculture, à faire circuler un document pour rappeler l’importante dimension culturelle de l’alimentation et exprimer leur crainte pour les produits de qualité. Ce type de produits, comme certains fromages et charcuteries, pourraient en effet obtenir une notation moins bonne que des produits très industrialisés, risquant alors de brouiller la perception des consommateurs. Dans cette déclaration commune, l’Italie, la Roumanie, la Grèce, Chypre et la République tchèque, appellent ainsi à prendre en compte la qualité et à valoriser les produits qui bénéficient de labels de qualité, comme les Appellation d’Origine Protégée, Indication Géographique Protégée et Spécialité Traditionnelle Garantie.
Euromontana met en garde contre une vision simpliste de l’étiquetage des produits alimentaires. En effet, Euromontana tient à souligner que la qualité doit être un facteur clé pour aller vers un panier consommateur plus sain. La nutrition n’est qu’un des éléments qui fait la qualité d’un aliment, il est donc crucial de prendre également en compte l’origine des produits, la qualité des matières premières comme le lait de montagne et le savoir-faire traditionnel utilisé dans le processus de production.
Euromontana appelle également à sensibiliser les consommateurs aux méthodes de production et leurs conséquences, notamment en valorisant l’agriculture extensive, comme cela est le cas en montagne, et ses bienfaits pour l’environnement, la biodiversité et les paysages, la préservation des traditions et le maintien de l’activité dans les zones à contraintes naturelles, etc. La promotion de régimes alimentaires plus sains et durables, qui est l’un des objectifs de la stratégie « de la ferme à la table », devrait être réalisée en valorisant ce que l’Europe fait de mieux, y compris ses labels de qualité et mentions de qualité facultatives. Cela doit notamment passer par une révision de la Politique de Promotion de l’UE pour mieux valoriser les petits producteurs et les aliments de qualité, comme l’a rappelé Euromontana en septembre 2020 dans sa réponse à la consultation de la Commission européenne sur la Politique de Promotion.
8 octobre 2020