Presque toutes les régions de l’UE connaissent un changement structurel à long terme dans l’agriculture, avec une augmentation de la taille moyenne des exploitations et une concentration de la production dans des exploitations moins nombreuses et plus grandes, selon une étude récente commandée par la Commission de l’Agriculture et du Développement Rural du Parlement européen « L’avenir du modèle agricole européen : implications socio-économiques et territoriales de la diminution du nombre d’exploitations et d’agriculteurs dans l’UE ».
Globalement, l’étude montre que le nombre d’exploitations agricoles dans l’UE-27 a diminué entre 2003 et 2016, passant d’environ 15 à 10 millions (-32 %), avec des incidences plus fortes sur les petites exploitations (50 ha). Les projections prévoient que d’ici 2040, l’UE pourrait perdre 6,4 millions d’exploitations supplémentaires, ce qui ramènerait le nombre d’exploitations restantes à environ 3,9 millions dans l’UE.
Les montagnes seront plus touchées par l’abandon des terres
Les exploitations de montagne sont considérées comme les plus exposées au risque d’abandon de terres et de diminution de leur nombre à l’avenir. Cette tendance s’explique par le vieillissement de la population, le difficile renouvellement des générations et par un environnement agricole plus difficile.
L’étude confirme également que les conditions climatiques ont un impact plus important sur l’agriculture de montagne. L’érosion des sols est plus forte en montagne et les effets du changement climatique sont plus prononcés, avec un risque d’incendie plus élevé dans les prairies de montagne méditerranéennes par exemple. Ces facteurs s’ajoutent aux contraintes naturelles et au déclin démographique existant des montagnes, rendant le secteur agricole de moins en moins attractif dans nos régions. L’étude conclut que « plus la part des montagnes est importante dans une région donnée, plus le risque d’abandon des terres agricoles est élevé ».
Selon l’étude, l’agriculture européenne devrait devenir plus concentrée et spécialisée, avec moins d’exploitations et moins de multifonctionnalité. Les changements à venir dans les modèles agricoles diminueront la résilience des exploitations, en particulier en Europe du Sud et de l’Est.
L’abandon des terres a diverses conséquences dans les zones de montagne, comme la perte des connaissances agricoles traditionnelles et le manque de gestion du paysage, comme le souligne l’étude. De plus, Euromontana a toujours insisté sur les risques liés à un recul de l’activité agricole dans les zones de montagne pour la préservation de la biodiversité et des autres services écosystémiques fournis par l’agriculture de montagne. En outre, l’agriculture de montagne est un fournisseur essentiel de produits de qualité, fabriqués à petite échelle, notamment pour la viande et les produits laitiers.
Un soutien insuffisant aux exploitations de montagne et aux petites exploitations agricoles
L’agriculture de montagne est donc en danger et « les structures agricoles qui ont le plus besoin d’être soutenues sont les petits et moyens exploitants et les agriculteurs des zones de montagne et des zones soumises à contraintes naturelles ». Le soutien dont ils bénéficient est-il suffisant ?
L’étude du Parlement européen analyse les retombées des mesures de la Politique Agricole Commune visant à soutenir l’agriculture européenne, telles que l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) et les paiements pour les petites fermes et pour les jeunes agriculteurs. Malheureusement, elle conclut que ces mesures « ne compensent pas cet effet en raison d’un mauvais ciblage ou de fonds insuffisants, mais démontrent clairement que des objectifs directs et un financement ciblé pourraient permettre d’atteindre les objectifs structurels ».
Ce rapport donne donc déjà les clés pour des politiques de soutien plus efficaces. Alors que les États membres révisent leur Plan Stratégique de la PAC, Euromontana les appelle à prendre en compte la survie des exploitations de montagne et la résilience des petites exploitations en activant tous les mécanismes de soutien pour les zones soumises à des contraintes naturelles, les petites fermes et le renouvellement générationnel.
9 juin 2022