Le Comité des régions (CdR) a adopté à l’unanimité un avis sur l’innovation sociale lors de la session plénière du 11 mai 2017. L’avis est intitulé « L’innovation sociale en tant que nouvel outil pour relever les défis de la société » et a été présenté par le rapporteur Marcelle Hendrickx.
Pourquoi l’innovation sociale est-elle importante ?
Le CdR définit l’innovation sociale comme « de nouvelles idées (produits, services et modèles) qui répondent simultanément aux besoins sociaux (plus efficacement que d’autres alternatives) et créent de nouvelles relations et partenariats sociaux (BEPA) ». Bien que le CdR souligne déjà l’importance d’une approche ascendante à l’exemple des groupes de consommateurs notamment, la définition de l’innovation sociale de SIMRA comprend en plus la dimension de l’engagement de la société civile. En effet, dans le cadre de notre projet, l’innovation sociale se réfère à « la reconfiguration des pratiques sociales en réponse aux défis sociétaux, qui vise à améliorer le bien-être de la société et implique nécessairement l’engagement des acteurs de la société civile ».
L’innovation sociale est considérée à la fois par le CdR et par SIMRA comme un instrument important pour relever les défis sociaux actuels (comme le chômage, le vieillissement de la société, l’intégration des immigrés, le changement climatique, l’exode rural, etc.) et pour améliorer la qualité de vie des européens. L’innovation sociale peut apporter de nouvelles solutions aux problèmes dans les zones rurales, en particulier dans les zones rurales marginalisées, en train de réinventer leur rôle et leur capacité à innover. Cependant, il reste beaucoup à faire pour lier les innovations sociales aux résultats politiques souhaités.
Obstacles à l’innovation sociale au niveau européen
Le CdR souligne 3 principaux obstacles à la promotion de l’innovation sociale dans l’UE et à la mise en œuvre d’initiatives d’innovation sociale : la gouvernance, le financement et l’accent mis sur l’innovation technologique.
Tout d’abord, en ce qui concerne la gouvernance, selon l’avis, « promouvoir l’innovation sociale exige souvent que les autorités locales jouent un rôle de leadership et de coordination, en ce qui concerne l’implication des acteurs locaux, la promotion de bonnes initiatives, la création de cadres juridiques flexibles et la mise en commun des connaissances ». Cette barrière est également reconnue par SIMRA qui a identifié les modèles de gouvernance comme l’une des principales pratiques sociales à reconfigurer.
Deuxièmement, en ce qui concerne le financement, aucun appel spécifique, aucun programme ni instrument financier ne visent spécifiquement l’innovation sociale sur le terrain. Les raisons de cela pourraient être que les projets d’innovation sociale sont trop petits à l’échelle européenne ; que les partenaires ne sont pas assez représentés et non traditionnels ; et/ou que le calendrier des appels européens ne correspond pas au modèle de développement de ces projets (certains exemples d’innovation sociale démontrent qu’un financement trop précoce peut paralyser l’émergence de la collaboration ascendante). L’avis souligne également la complexité du cadre réglementaire qui peut renverser les candidats. Cependant, l’innovation sociale gagne en visibilité au niveau de la Commission européenne et, dans un autre avis sur la PAC post-2020, le CdR a déjà demandé une plus grande recherche financée par le budget de l’UE et la Banque européenne d’investissement sur la coopération agricole et rurale, en particulier en ce qui concerne l’innovation sociale dans les zones rurales (services publics locaux, méthodes de production agricole, transformation à petite échelle et distribution locale de produits agricoles).
Enfin, en ce qui concerne l’accent mis sur l’innovation technologique, le CdR estime que dans la Stratégie Europe 2020, un accent disproportionné est mis sur le côté technologique de l’innovation, au détriment de l’innovation sociale – bien que les deux soient censés se compléter.
Recommandations stratégiques
Le CdR demande à la Commission de reconnaître davantage l’innovation sociale et tout ce qu’elle implique (instruments de financement spécifiques, opportunités d’échange de connaissances, nouvelles politiques, etc.) d’une part, ainsi que de nouveaux outils de suivi et d’évaluation soient développés d’autre part. Selon l’avis, ces nouvelles méthodes d’évaluation – et les indicateurs associés – permettraient de mesurer les résultats de l’innovation sociale, d’évaluer l’impact de ceux-ci, et de disséminer ces informations et les histoires à succès. Cela permettrait également d’attirer de nouveaux fonds. C’est exactement le type de résultats que SIMRA vise à atteindre, en contribuant à la compréhension et à l’évaluation de l’innovation sociale dans les zones rurales marginalisées avec une approche novatrice qui s’appuie sur l’intégration des connaissances empiriques et transdisciplinaires pour augmenter la validité des résultats. Les partenaires du projet travaillent actuellement sur les méthodes d’évaluation de l’innovation sociale et une base de données de bonnes pratiques sur l’innovation sociale, qui sera bientôt disponible sur le site web du projet SIMRA.
Le CdR souligne en particulier le parallèle à faire avec l’agenda urbain de l’UE ; où la Commission, les États membres et les villes mettent en évidence la praticabilité de la politique et de la législation de l’UE au niveau local, pour pouvoir demander à la Commission européenne, lors de la formulation de politiques d’innovation sociale, de prendre en compte expressément comment elles pourraient être mises en œuvre aux niveaux local et régional.
Comment le projet SIMRA peut-il contribuer aux recommandations du CdR ?
SIMRA développera un cadre et des méthodes pour identifier, comprendre et évaluer l’innovation sociale, ainsi que des moyens de soutenir et de promouvoir des initiatives socialement innovantes, afin de combler l’écart existant sur ce sujet entre la recherche, les politiques et les pratiques. SIMRA soutiendra la communauté engagée dans l’innovation sociale au sens large, en particulier dans les zones rurales marginalisées méditerranéennes. L’objectif est de créer, grâce au projet, des opportunités de collaboration et d’apprentissage où les acteurs locaux (communautés locales, chercheurs, entreprises) pourraient travailler ensemble à la réalisation d’initiatives d’innovation sociale (nouveaux réseaux, opportunités d’affaires, etc.) qui pourraient laisser un héritage durable dans la région où elles sont promues.
La nature transdisciplinaire du projet est destinée à impliquer trois types de parties prenantes : des représentants d’organisations clés et d’acteurs du développement rural, les parties prenantes appuyées par les études de cas du projet et les actions novatrices et d’autres acteurs impliqués à l’échelle régionale et locale. Ce projet de recherche vise à garantir que les résultats du projet alimentent la formation des politiques à toutes les échelles et à soutenir efficacement la participation de la communauté à l’innovation sociale, en particulier dans les zones rurales marginalisées méditerranéennes.
Pour plus d’informations, consultez le site web de SIMRA ici !
16 août 2017