Une nouvelle étude publiée dans le Journal européen des géosciences indique que d’ici 2100, les glaciers Alpins auront disparus. Réalisée par une équipe de chercheurs en Suisse, cette étude fournit des données actualisées sur l’évolution possible des glaciers des Alpes sous l’effet du réchauffement climatique.
L’étude montre que d’ici à 2050, 50% du volume des glaciers disparaîtront, indépendamment de la gestion de nos émissions de gaz à effet de serre. Quant à l’existence des glaciers après 2050, l’étude élabore deux scénarios potentiels fondés sur des prévisions liées aux températures et précipitations, mais également aux possibles politiques climatiques futures. Après 2050, « l’évolution future des glaciers dépendra fortement de l’évolution du climat », déclare Harry Zekollari, responsable de l’étude, chercheur à l’ETH Zurich et à l’Institut fédéral suisse de recherche sur les forêts, la neige et le paysage (actuellement à l’Université de Delft aux Pays-Bas).
Un réchauffement climatique limité pourrait sauver les glaciers alpins
Scénario 1 – Une augmentation limitée des températures à long terme permettrait de préserver un tiers du volume des glaciers actuels, selon l’étude. Dans le scénario menant à un réchauffement limité, les émissions de gaz à effet de serre atteindraient leur maximum dans les prochaines années, puis diminueraient. Selon les prévisions, ce scénario entraînerait une augmentation de la température ne dépassant pas 2 ° C pour 2100, par rapport aux niveaux préindustriels, ce qui rejoint les objectifs actuels de l’UE.
Scénario 2 – Au contraire, les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient continuellement au cours des prochaines décennies dans le deuxième scénario. Les conséquences pour les Alpes seraient dévastatrices puisque la quasi-totalité du volume des glaciers disparaîtrait d’ici 2100. Selon Matthias Huss, chercheur à Zurich et co-auteur de l’étude, le volume de glace restant représenterait « 5% ou moins du volume actuel de glace ». Cependant, l’étude montre également que les émissions mondiales sont actuellement juste au-dessus de ce que prévoit ce scénario.
L’adaptation au changement climatique et son atténuation, un défi pour les Alpes
La fonte des glaciers constituera certainement un défi pour les Alpes, car ils sont d’une grande importance pour les paysages, les écosystèmes et l’économie de la région. Les glaciers alpins fournissent de l’eau à la faune et à la flore locales, mais également aux communautés locales pour les réservoirs d’eau, l’agriculture et les mécanismes hydroélectriques.
Quoi qu’il en soit, les Alpes perdraient de toute façon environ 50% de leur volume de glacier d’ici 2050. Cela peut s’expliquer par le temps de réponse habituellement long des glaciers face à la hausse des températures, a déclaré Harry Zekollari, responsable de l’étude. Cette étude sur les Alpes fait écho au rapport récent de l’Observatoire du Changement Climatique des Pyrénées (OPCC) sur le changement climatique dans les Pyrénées, montrant que 50% des glaciers pyrénéens ont déja disparu depuis les années 1980. En réponse aux découvertes de ce rapport, l’OPCC a créé une nouvelle base de données en ligne de bonnes pratiques sur l’adaptation au changement climatique. Couvrant tous les secteurs économiques montagneux et les effets du changement climatique sur les montagnes, cette nouvelle base de données peut certainement être un outil utile pour les communautés alpines. Le rapport de la Convention des Carpates intitulé « Perspectives sur l’adaptation au changement climatique dans les Carpates » pourrait également servir d’exemple de cadres politiques et de recommandations en matière d’adaptation.
Les zones de montagne souffrent du changement climatique, mais jouent également un rôle central dans son atténuation et son adaptation. Comme indiqué dans la Déclaration de Bragança « Faire face au défi du changement climatique : s’adapter pour les générations futures », les zones de montagne peuvent mener le changement en encourageant l’économie circulaire, en sensibilisant les jeunes générations, en promouvant des circuits courts et en mobilisant tous les acteurs au travers d’une approche participative. En réponse à la consultation publique organisée en mars 2018 sur la stratégie de l’UE en matière d’adaptation au changement climatique, Euromontana a également proposé des mesures concrètes (disponibles en anglais uniquement) à mettre en œuvre au niveau européen.
Les résultats de cette nouvelle étude devraient alerter les décideurs politiques, les parties prenantes et les citoyens et les encourager à renforcer leur coopération afin de mettre en œuvre des politiques et des outils européens, nationaux et régionaux à même de lutter contre le changement climatique, d’atténuer ses effets et de s’adapter à ces changements.
17 avril 2019