Euromontana et les partenaires du projet 2002-2004 se sont investis dans l’étude non seulement pour avoir des données précises sur la qualité des produits agroalimentaires de montagne au niveau européen, mais également pour contribuer à l’établissement d’instruments pertinents en faveur du développement des zones de montagne au travers de leurs produits alimentaires.
Les rencontres entre les partenaires du projet, mais aussi avec des professionnels et experts européens extérieurs au projet lors des deux séminaires, ont permis de clarifier les besoins et de proposer des outils en terme de :
- dissémination d’information, échanges d’expérience et coopération sur les produits de montagne ;
- promotion et valorisation des produits agroalimentaires de montagne de qualité.
En fin de projet, la synthèse a permis de dresser les acquis du projet, mais également les points à approfondir et de cette façon la suite à donner à ce projet.
Dissémination d’information, échanges d’expérience et coopération
Le site européen sur les produits de montagne
Contexte général
La montagne et ses produits agroalimentaires suscitent un intérêt croissant et de nombreux projets, recherches et études se développent aux niveaux régional, national et transnational en Europe. Si des réseaux et des coordinations peuvent exister au niveau d’un massif ou d’une région, un manque d’échange d’information entre ces nombreuses démarches au niveau européen est à déplorer. En 2003, un examen des ressources accessibles sur Internet et concernant la montagne fait apparaître une offre technique limitée, des centres de ressources encore très rares et une absence de site spécialisé sur la notion de produits de montagne.
Euromontana, également conforté par la prise de conscience des autorités européennes lors de la rencontre ministérielle informelle à Taormina (novembre 2003) où les représentant des Etats de l’Union concordent que « la coopération entre Etats membres pour et entre les régions de montagne européennes devraient être renforcée », décide alors de prévoir dans le cadre du projet l’émergence future d’un outil Internet européen.
Quel site européen et pour quels utilisateurs ?
Les diverses réflexions menées au cours du projet ont permis de donner un cadre général à l’élaboration de ce site pour l’échange d’information et la coopération sur les produits alimentaires de montagne. Les enjeux sont de stimuler l’initiative et la créativité des acteurs des zones de montagne et d’améliorer l’efficacité et la performance sur des problématiques communes de ces zones en Europe. Pour cela, les moyens proposés sont :
- de donner accès à un réseau européen d’experts, de professionnels, de chercheurs, de techniciens et d’acteurs politiques ;
- de faciliter et promouvoir la coopération en identifiant les conférences, séminaires, ateliers de travail, projets régionaux, nationaux ou européens et également les démarches novatrices ;
- de mettre à disposition les informations concernant les dernières avancées de la recherche, en particulier portant sur les approches territoriales des productions agroalimentaires et leurs liens étroits avec les milieux et l’environnement de montagne.
Ce site, plutôt destiné à un public professionnel (chercheur, agent de développement, entrepreneur, professionnels des organisations gouvernementales ou non gouvernementales) reste néanmoins ouvert à tout Internaute. Dans un premier temps, la navigation est prévue en 8 langues (langues du projet initial : Français, Anglais, Espagnol, Italien, Grec, Roumain, Polonais, Norvégien) et les données plus spécifiques sont en langue d’origine et en anglais voire français quand c’est possible.
Pour constituer cette large base de données, Euromontana encourage la participation de tout utilisateur du site qui souhaite faire partager une information, une nouvelle, une publication sur le Web.
Et la coopération
Certes la coopération ne peut être que facilitée par cet accès performant et innovant aux différents contacts des professionnels au niveau européen. Pourtant la réalisation de visites d’étude, de conférences et la mise en contact « physique » entre les différents professionnels et également avec les acteurs et les produits des démarches locales est totalement indissociable d’un échange sur Internet. Nous prévoyons donc des échanges et consultations sur le Web en guise de préparation structurée préalable au développement d’une conférence ou bien d’une visite d’étude.
Promotion et valorisation des produits agroalimentaires de montagne de qualité
La charte européenne des produits de montagne
Contexte général
Plusieurs constats sur les produits de montagne en Europe peuvent être dressés :
1/ une absence dans une grande majorité des Etats membres de définition de « produits de montagne » et lorsque celles-ci existent (en France et en Italie) on peut regretter l’hétérogénéité de ces définitions.
2/ Une « promesse consommateur » est faite d’une certaine façon à chaque fois que le terme « montagne » est utilisé sur une denrée alimentaire et elle ne doit pas décevoir. Or ce terme « montagne » a actuellement auprès des consommateurs un capital positif très important.
3/ Les productions agricoles et agro-alimentaires des zones de montagne sont plus coûteuses en terme de production et distribution. Rechercher une création de valeurs « supplémentaires » aux productions de montagne est, dans l’économie actuelle, essentielle.
4/ L’agriculture a un rôle sur la préservation et le développement du patrimoine des zones de montagne, patrimoine tant biologique, environnemental, culturel, des paysages, des traditions…
Une proposition de « Charte européenne des produits agroalimentaires de montagne de qualité »
De façon complémentaire au travail d’étude mené, le Comité de pilotage du projet a rapidement souhaité se pencher sur l’établissement d’une proposition de Charte Européenne des produits de montagne. Celle-ci constitue à court et long terme un outil pour rapprocher et créer des synergies entre les dispositifs nationaux et démarches locales en Europe et doit être au service du développement des produits de montagne tels que spécifiés dans ses principes. Cette charte a vocation à devenir un référent commun en Europe sur les produits de montagne et leurs valeurs pour les producteurs, les consommateurs et la société.
La charte et ses orientations telles que présentées en fin de projet ont reçu un accord favorable auprès de l’ensemble des participants à la conférence finale de Cordoue en Juin 2004.
Que contient la Charte ?
Composée de plusieurs parties, la version 2005 de la Charte comprend :
- un préambule,
- ses objectifs,
- les considérants,
- les principes dont la charte veut favoriser le respect (au nombre de 5),
- la liste des signataires.
Ces 5 principes essentiels sont les suivants :
1/ la matière première doit provenir d’une zone de montagne ;
2/ La transformation doit être réalisée en zone de montagne ;
3/ Les productions doivent intégrer des préoccupations sociales, environnementales et sanitaires ;
4/ Les productions doivent pouvoir maintenir et développer la biodiversité et le patrimoine des zones de montagne ;
5/ Les producteurs doivent pouvoir garantir à tout moment la transparence des informations aux consommateurs.
La suite à donner à ce projet
A partir des résultats du projet…
Dans ce programme d’étude, Euromontana et ses partenaires ont souhaité identifier la qualité intrinsèque des produits de montagne et rechercher quelles en étaient les causes. En définitive, les partenaires reconnaissent de façon unanime que nous ne pouvons pas décrire précisément la qualité intrinsèque des produits alimentaires (plus naturel, plus traditionnel, plus sain, meilleur…) même si cette qualité existe et est identifiable pour chacune des denrées. En revanche, les causes/ raisons de ces qualités constituent quant à elles un ensemble bien plus homogène provenant soit des conditions naturelles de l’environnement montagnard, soit des hommes et de leurs pratiques parfois ancestrales. Par ailleurs, les résultats de l’étude montrent que ces deux points sont des facteurs primordiaux de réussites de démarches territoriales avec une promotion et valorisation des produits alimentaires auprès des consommateurs.
… vers des éléments nouveaux pour favoriser les stratégies de promotion et valorisation
En effet, si l’on s’attache aux pratiques locales, on s’aperçoit que de nombreux modes de culture et d’élevage ayant une incidence sur la qualité intrinsèque du produit ont également des effets secondaires positifs (ou externalités positives), reflétant la multifonctionnalité de l’agriculture de montagne.
Quelles sont en réalité ces externalités positives ? Peut-on les quantifier, les mesurer et estimer leur coût ? Une fois une certaine clarification faite sur ce volet, il sera alors intéressant de partager ces premiers résultats avec les deux extrémités de la filière, à savoir les producteurs et les consommateurs.
Du côté des producteurs, ont-ils toujours à l’esprit les conséquences (positives voire négatives) des pratiques qu’ils développent ? Savent-ils les raisons de certains gestes ancestraux ? Comment et avec quelles notions peuvent-ils communiquer positivement sur leur travail et sur la montagne ? On s’oriente ici vers une réappropriation des pratiques montagnardes.
Quant au consommateur européen, il est maintenant indispensable de pouvoir s’adresser à lui. Qu’attend-il en terme de « qualité » des produits de montagne ? Ne souhaite t-il qu’une qualité intrinsèque ou bien selon lui la qualité extrinsèque faisant référence à la qualité des paysages, de l’environnement, de la biodiversité… est également importante ? Serait-il alors prêt à payer plus cher pour ces qualités ? Le consommateur est la clé de voûte de toute démarche de segmentation des produits, mais nous ne devons pas oublier la complexité de devoir s’adresser ici aux consommateurs européens.
Ces différentes réflexions et études permettraient alors de clarifier la communication sur les produits de montagne de qualité.