Le projet Erasmus+ « Youth4EmblematicMountains », qui fait suite au projet Interreg Med EMbleMatiC, a récemment organisé une série de webinaires pour réfléchir à des outils éducatifs innovants pour les jeunes de montagne et examiner leurs aspirations en termes d’éducation et d’emploi. Le 16 novembre 2021, Blandine Camus, Chargée de Communication et de Politiques à Euromontana, a été invitée à partager quelques résultats de l’enquête d’Euromontana sur les jeunes de montagne.
L’éducation et l’emploi sont un point noir de l’attractivité de la montagne.
L’enquête d’Euromontana montre que les jeunes veulent rester – ou s’installer – en montagne, ils apprécient la qualité de vie et la proximité de la nature, mais ils déplorent le manque d’opportunités académiques et d’emploi, a expliqué Blandine Camus.
Au niveau européen, 35% des jeunes vivant en montagne sont insatisfaits de l’offre de programmes éducatifs dans leur région, qu’il s’agisse de diplômes universitaires, de formations professionnelles ou de programmes d’apprentissage tout au long de la vie. Dans certains pays méditerranéens comme l’Espagne et l’Italie, le taux d’insatisfaction atteint plus de 50% des jeunes interrogés. De même, lorsqu’on les interroge sur les principales raisons qui pourraient les pousser à partir, les jeunes des zones de montagne placent le manque d’éducation et d’opportunités d’emploi dans le top 6 de leurs raisons, avec le manque de dynamisme et d’offre de mobilité.
Les jeunes veulent plus d’emplois et plus de durabilité
Un autre message fort de la jeunesse de montagne dans l’enquête d’Euromontana est l’appel des jeunes pour plus de durabilité dans les zones de montagne, a souligné Blandine Camus. Les jeunes demandent plus de nature sauvage, plus d’initiatives pour lutter contre le changement climatique et plus d’incitations pour encourager les comportements respectueux de l’environnement dans leurs communautés.
Les demandes des jeunes en matière de durabilité ne se limitent pas aux préoccupations environnementales, mais concernent également les aspects socio-économiques. Dans les Alpes françaises et italiennes, par exemple, les jeunes enquêtés critiquent le modèle de développement économique local, qui est très axé sur le tourisme. D’une part, les jeunes critiquent l’impact du tourisme d’hiver – et son maintien à tout prix – sur l’environnement. D’autre part, ils déplorent également que l’économie locale ne soit pas suffisamment diversifiée, car il leur est difficile de trouver un emploi dans des secteurs autres que le tourisme.
La diversification est un aspect majeur de l’attractivité et du dynamisme des territoires. L’enquête a révélé qu’une grande partie des jeunes interrogés (44%) déclarent souhaiter trouver un emploi dans le secteur dans lequel ils se sont spécialisés. De nombreux jeunes ont, par exemple, un diplôme en droit, médecine, ingénierie, comptabilité, etc.
Une part assez importante des personnes interrogées (22 %) ont également déclaré qu’elles seraient intéressées par le travail à distance en montagne, ce qui nécessite la création de davantage d’infrastructures telles que des espaces de co-working. Cependant, le travail à distance ne s’applique pas à tous les emplois et les zones de montagne ne peuvent pas uniquement compter sur cette pratique pour stimuler la revitalisation et attirer les jeunes travailleurs. 18% des jeunes interrogés souhaitent également créer leur propre entreprise et 12% aimeraient exercer un métier dit traditionnel de la montagne, comme agriculteur, berger, moniteur de ski ou guide de montagne.
La diversité des ambitions et des profils des jeunes répondants devrait donc se refléter dans la diversité des offres d’emploi et des secteurs en montagne. Pour inciter les jeunes à y rester ou à s’y installer, les territoires de montagne ne peuvent pas compter seulement sur les secteurs traditionnels comme l’agriculture ou le tourisme, tout comme ils ne peuvent pas miser uniquement sur le développement du travail à distance. Il sera nécessaire de créer des emplois dans davantage de secteurs et de soutenir l’entrepreneuriat des jeunes.
Quelles conclusions peut-on tirer de ces résultats en termes d’emploi durable en montagne ? L’économie de montagne devrait être diversifiée dans certaines régions, afin de créer des emplois qui soutiennent la durabilité économique et environnementale des montagnes. En outre, les compétences et les qualifications des jeunes montagnards devraient être exploitées et mises en relation avec leur demande d’une plus grande durabilité environnementale afin de créer les « emplois éco-responsables » de demain. Des profils qualifiés et motivés seront nécessaires pour développer l’économie circulaire et la bioéconomie en montagne et pour créer des entreprises innovantes dans les domaines de l’énergie, de la gestion des ressources naturelles et de l’alimentation, entre autres. Tous les résultats de l’enquête sur les jeunes en montagne d’Euromontana seront publiés dans un rapport d’ici janvier 2022. Vous pouvez vous inscrire à notre newsletter pour rester informé de sa publication.
18 novembre 2021