Le 29 janvier 2019, Marie Clotteau, Directrice d’Euromontana, a présenté SIMRA aux membres de la NAT (Commission des Ressources Naturelles) du Comité des Régions (CdR) lors d’un débat sur le thème « Villages intelligents : approches stratégiques intégrées de l’innovation dans les zones rurales« .
Comment mettre en place un Village Intelligent dans le cadre des politiques européennes 2021-2027 ?
Selon le plan d’action de l’UE (avril 2017), les Villages Intelligents sont » des zones et des communautés rurales qui s’appuient sur leurs forces et leurs atouts existants ainsi que sur le développement de nouvelles opportunités « , où » les réseaux et services traditionnels et nouveaux sont améliorés au moyen des technologies numériques, des télécommunications, des innovations et d’une meilleure utilisation des connaissances ».
Dans les propositions législatives actuelles pour la PAC après 2020, il n’y a pas d’autre précision sur ce que devrait être un Village intelligent ; et s’il existe une volonté politique de soutenir la mise en œuvre du concept, il n’y a aucune obligation pour les États membres de mettre réellement en œuvre des Villages Intelligents. Les États membres peuvent définir dans leurs plans stratégiques de la PAC s’ils souhaitent soutenir leurs Villages Intelligents en soutenant des mesures de coopération (telles que LEADER), l’échange de connaissances ou les investissements ou toute autre mesure du FEADER.
De même, la politique de cohésion après 2020 ne définira pas d’outils ou de mesures spécifiques pour soutenir la mise en œuvre des Villages Intelligents, mais Merja Haapakka de la DG REGIO a encouragé les habitants à utiliser les outils existants tels que CLLD et ITI ou d’autres outils territoriaux développés au niveau des États membres pour mettre en œuvre les Villages Intelligents. En outre, elle affirme que le nouvel objectif 5 « L’Europe plus proche des citoyens » et les 6 % des fonds alloués aux zones urbaines doivent également être considérés comme des opportunités intéressantes, car « les zones rurales bénéficieront également de l’accent mis sur les zones urbaines fonctionnelles et les liens urbains/ruraux ».
Ainsi, s’il existe une volonté politique au niveau de l’UE de soutenir les Villages Intelligents, l’absence d’outil spécifique ciblé pour les mettre réellement en œuvre exigera que les États membres prennent l’initiative et soutiennent réellement cette mise en œuvre dans leur propre pays en définissant un soutien adéquat dans leurs plans stratégiques de la PAC et dans leurs programmes opérationnels.
Au-delà des mesures d’accompagnement, quelle est l’essence des Villages Intelligents ?
Dans les propositions législatives actuelles de la PAC, le seul indicateur permettant d’évaluer la mise en œuvre des Villages Intelligents est lié à la numérisation (R.33 Numérisation de l’économie rurale : Population rurale couverte par une stratégie de Villages Intelligents), mais cela pourrait impliquer qu’un village ne peut être intelligent sans numérisation et qu’il suffit de développer la numérisation pour être un Village Intelligent.
Au cours de l’événement NAT, de nombreux intervenants ont expliqué que ce point de vue est trop restreint et qu’une approche plus large devrait être retenue.
Pour Tom Jones, membre du Comité économique et social européen, les villages durables sont extrêmement importants pour l’avenir et un soutien intégré aux Villages Intelligents est nécessaire. Pour que les villages puissent faire la différence, il faut un leadership fort soutenu par les gouvernements régionaux et les sociétés civiles, comme la nécessité d’intégrer les communautés aux autres villages et d’avoir une approche intégrée.
Pour György Mudri, assistant parlementaire de Tibor Szanyi, les outils clés pour mettre en œuvre les Villages Intelligents sont le développement d’une collaboration horizontale entre les villages mais aussi entre les secteurs ; un accès numérique est essentiel pour maintenir les jeunes dans les zones rurales et une approche politique intégrée. Un amendement, actuellement en discussion au Parlement européen, propose d’affecter au moins 1% des fonds structurels et d’investissement européens aux villages intelligents. S’il est adopté, il soutiendra davantage la mise en œuvre des Villages Intelligents.
Pour Paul Soto, chef d’équipe du groupe thématique du REDR sur les Villages Intelligents, « Les Villages Intelligents, c’est avant tout lié aux personnes ». La numérisation est l’un des outils les plus importants, mais c’est un outil parmi d’autres et parfois la numérisation fait partie des Villages Intelligents mais elle ne devrait pas être systématique. En l’absence d’une nouvelle politique de soutien aux Villages Intelligents, l’objectif est donc de créer un environnement favorable avec la boîte à outils actuelle.
Pour Marie Clotteau, Directrice d’Euromontana, la numérisation est un bon outil mais ne peut être le seul moyen de développer un Village Intelligent. Elle a présenté quelques exemples de SIMRA pour montrer comment l’innovation sociale peut réellement aider à développer de nouvelles actions innovantes et ainsi créer cet environnement nécessairement favorable à la mise en place de Villages. Intelligents. Elle a expliqué que » les décideurs politiques peuvent contribuer à déclencher l’action en supprimant les obstacles rencontrés par les innovateurs sociaux et en soutenant l’innovation sociale dans différentes politiques telles que la PAC et la politique de cohésion « . Elle a également suggéré quelques actions concrètes à l’intention des décideurs pour mieux soutenir l’innovation sociale dans les politiques actuelles et futures et a invité les membres du CdR à participer aux futures lignes directrices politiques de SIMRA.
Enfin, pour Clive Peckham, représentant du projet ERUDITE (Enhancing Rural and Urban Digital Innovation Territories), disposer d’une bonne infrastructure numérique n’est qu’un début, il faut rassembler les populations locales et développer des projets communs pour qu’elles souhaitent rester, vivre et travailler dans les zones rurales. Si les relations rurales-urbaines sont souvent citées comme un moyen intéressant de soutenir la mise en œuvre des Villages Intelligents, Clive Peckham a également souligné la nécessité de se concentrer sur la coopération rurale-rurale.
Un agenda rural européen pour un soutien plus fort aux zones rurales, au-delà des Villages Intelligents.
Enda Stensson, rapporteur pour l’avis du CdR sur « La revitalisation des zones rurales par les Villages Intelligents », a conclu que « beaucoup reste à faire pour promouvoir et développer les initiatives des Villages Intelligents dans l’agenda politique européen au cours des prochains mois ». Avec les réductions proposées pour le développement rural dans les propositions législatives actuelles, « il est crucial de prendre en compte les zones rurales dans toutes les politiques européennes : leurs besoins vont bien au-delà de ce que le pilier développement rural de la PAC peut apporter. Par conséquent, la Commission doit trouver un meilleur équilibre territorial en tenant compte des besoins spécifiques des zones rurales et périurbaines, notamment dans le cadre de la politique de cohésion » et a donc rappelé que le CdR invite la Commission à mettre en œuvre un « agenda rural européen » pour un développement ambitieux, intégré et durable des zones rurales.
Crédits photos: Comité européen des régions
14 février 2019