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Un bol d’air pour l’inclusion des réfugiés en Norvège

Certains chercheurs pensent que le mode de vie en plein air norvégien contribue à une bonne intégration. C’est le point de départ d’une Action d’Innovation menée par l’Institut de recherche de Norvège orientale (membre d’Euromontana).

Dans de nombreux cas, les immigrants sont essentiels pour les petites municipalités des zones rurales de la région de Gudbrandsdalen, qui se situe à quatre heures au nord de la capitale norvégienne, Oslo.

« Les Norvégiens partent s’installer dans les villes », explique le chercheur Tor Arnesen. « C’est l’immigration en provenance de l’étranger qui atténue le déclin de la population dans les zones rurales. L’inclusion des immigrants est importante pour le développement à long terme. »

De nouvelles solutions pour l’inclusion et l’intégration doivent être trouvées.

Dans le cadre d’une Action d’Innovation du projet SIMRA [voir note de bas de page], Tor Arnesen et sa collègue Mari Bjerck ont organisé un séminaire sur l’innovation pour des représentants de différents services de réfugiés et d’immigrants dans la région reculée de Gudbrandsdalen. Havva Curkukaya, responsable de l’inclusion de l’Association norvégienne de trekking à Drammen, la 6ème plus grande ville de Norvège avec une population immigrée atteignant 28%, était l’invitée spéciale de ce séminaire. Havva Curkukaya est originaire de Turquie, et elle a réussi à inspirer de nombreuses personnes d’origine multiculturelle à sortir explorer la Nature norvégienne.

« Ce n’est pas crédible quand les Norvégiens, qui sont nés avec des skis aux pieds, disent aux gens qu’il est facile d’apprendre à skier. Mais c’est crédible quand je raconte, avec mes antécédents et ma culture, comment j’ai appris à skier à 35 ans », dit Curkukaya.

Elle rencontre beaucoup d’immigrants qui ont peur de la forêt et de la montagne parce que dans leur pays d’origine, la Nature est souvent le théâtre de la guerre.

Pour de nombreux Norvégiens de l’autre côté, la clé d’une vie heureuse et saine est d’embrasser le grand air. « Les Norvégiens sont des gens plus agréables quand ils sont en mouvement », avance une femme du service des réfugiés.

Alors comment faire se rencontrer ces différents mondes ?

La clé est d’avancer pas à pas. Cela doit pouvoir être facile de commencer. Au début peut-être, une courte promenade dans le quartier suffit. Ou ramasser des baies et des champignons. « Et bien sûr, dit Havva Curkukaya, il ne faut pas trop se concentrer sur l’équipement et les vêtements coûteux. Des fonds peuvent toujours être recherchés. Et la plupart des femmes somaliennes font très bien du ski de fond en jupe. »

© Siri Solheim-Kristiansen/Røde Kors

Havva Curkukaya raconte mes « cours d’initiation » où les gens apprennent à utiliser une carte et une boussole. Elle a mis sur pied des groupes de marche réservés aux femmes et, lors de grands événements, ses collègues et elle tiennent un gril halal en plus d’un gril « normal ». « Dans la Nature ou autour d’un feu, la distance entre les gens est beaucoup plus petite, croit fermement Curkukaya. Une identité commune se forme. »

Une autre approche de l’intégration

Les chercheurs du projet SIMRA trouvent cette approche intéressante parce qu’en Norvège, l’intégration est normalement une question de langue et de travail. « Utiliser les activités en plein air peut changer cela, pense Tor Arnesen. Et si les réfugiés commençaient par créer un réseau social ? La langue et les emplois pourraient s’établir grâce aux contacts qu’ils ont eus pendant la randonnée. »

Il ajoute : « Dans ce projet SIMRA, nous essayons de faciliter l’échange d’idées et le travail en réseau entre les ONG, en poussant un peu et en observant ce qui se passe. La route de la vie en plein air peut avoir un potentiel significatif en tant qu’innovation sociale qui peut inspirer des processus similaires, même en dehors du contexte norvégien. »

Il ne s’agit pas seulement de copier la recette de Havva Curkukaya.

Les participants au séminaire sur l’innovation sont inspirés. Cependant, il ne s’agit pas seulement de copier la recette de Havva Curkukaya. Le département de Drammen de l’Association Trekking se trouve dans une zone peuplée, à une demi-heure au sud d’Oslo. A Gudbrandsdalen, par contre, il faut parfois des heures pour aller d’un endroit à un autre en voiture. L’association régionale de trekking n’a ici qu’un seul employé à temps partiel, qui couvre l’immense région. Et où trouver des bénévoles pour commencer ?

Havva Curkukaya peut voir les obstacles mais insiste sur l’approche progressive et continue avec des conseils : « Chaque personne veut être une ressource, pourquoi ne pas inviter les immigrants à devenir bénévoles dans l’Association ? Et il est temps de regarder de plus près les brochures et les programmes utilisés dans la communication : il y a souvent des photos de Norvégiens blancs vêtus de vêtements de marque chers ». Havva Curkukaya conclut : « Les gens d’un autre milieu peuvent facilement conclure que la randonnée n’est rien pour eux, alors pourquoi ne pas utiliser une photo de quelqu’un qui a l’air différent ? »

Regarder leur vidéo ici (Norvégien sous-titré anglais) :


Cette Action d’Innovation est menée dans le cadre du projet SIMRA, un projet de recherche européen Horizon 2020, dont ENRI et Euromontana sont partenaires. La différence entre une étude de cas et une action d’innovation réside principalement dans le degré d’implication du chercheur. Dans les études de cas, il collecte et analyse des preuves empiriques alors que dans les actions d’innovation, il agit comme observateur, facilitateur et analyste d’innovations sociales


Cet article a été écrit par Windy Moe du Eastern Norway Research Institute.

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17 octobre 2018

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