Dans le cadre du Plan d’Action pour la nature, la population et l’économie adopté en 2017, la Commission européenne s’était engagée à élaborer et à promouvoir la mise en œuvre de Plans d’Action de l’UE pour deux des types d’habitats les plus menacés de l’UE : les prairies calcaires sèches et les landes sèches européennes, protégées par la Directive Habitats.
Les prairies calcaires sèches – c’est-à-dire les sols riches en calcaire recouverts principalement d’herbe et de plantes – couvrent 17.000 km2 de l’UE. Elles constituent l’un des habitats les plus riches en biodiversité d’Europe et sont largement utilisés pour le pâturage du bétail dans toute l’UE, fournissant de la viande et des produits laitiers, mais aussi des services tels que la pollinisation, la prévention de l’érosion des sols, la gestion des paysages, les possibilités récréatives et touristiques. Dans les zones de montagne par exemple, le pastoralisme permet le développement de zones à faible valeur agronomique, souvent difficiles d’accès ou non mécanisables, et donc le maintien de l’activité économique dans ces zones et la valorisation de la qualité des produits agroalimentaires.
Toutefois, cet habitat est dégradé dans toute l’Europe et il est prévu qu’il continuera à se détériorer, principalement en raison d’une mauvaise gestion (disparition de l’activité pastorale ou surpâturage), de la pollution azotée, des espèces envahissantes, des changements dans l’utilisation des sols et de la fragmentation des habitats. Actuellement, environ 70 % des habitats de prairie dans les zones biogéographiques alpines ont un statut de conservation défavorable (AEE, 2011).
La Commission européenne a publié un premier plan d’action pour les prairies sèches en novembre 2019. Le plan d’action fournit un ensemble d’objectifs à long terme déclinés en actions clés à mettre en œuvre pour assurer le maintien et la restauration de ces prairies dans un état de conservation favorable (pratiques agricoles extensives, prévention des changements d’affectation des sols, méthodes de suivi scientifique homogènes, planification stratégique et utilisation des instruments européens existants, à l’image des mesures au titre de Natura 2000 et de la PAC, etc.). Le plan d’action formule également les recommandations suivantes :
- « Il est nécessaire de garantir la continuité d’une gestion appropriée de l’habitat des prairies calcaires sèches une fois que les fonds limités dans le temps, tels que les projets LIFE, auront pris fin.
- « Les programmes de soutien agricole, y compris les mesures agroenvironnementales, pourraient être mieux utilisés pour financer la gestion de cet habitat. »
- « Il est généralement relativement facile d’élaborer des projets de conservation et des demandes de financement pour ce type d’habitat. Les besoins en matière de conservation sont généralement clairs et les mesures requises sont bien connues et faciles à planifier ; les résultats partiels après quelques années sont généralement visibles et facile à communiquer. Néanmoins, le financement d’actions préparatoires, comme les études d’habitat, la cartographie et l’évaluation, ainsi que le financement d’un suivi continu est plus problématique. L’étude et le suivi peuvent cependant être financés dans le cadre de projets à court terme contenant également des mesures actives de conservation. »
- « Il est nécessaire d’assurer un suivi plus précis des dépenses des paiements agroenvironnementaux et de leur contribution aux objectifs de conservation de cet habitat, tant au sein de Natura 2000 qu’en dehors du réseau. Des indicateurs appropriés devraient être proposés pour faciliter ce suivi tant par le biais de la politique agricole commune que d’autres fonds. ».
- « Il est important que les mesures requises pour améliorer l’état de conservation de ce type d’habitat soient inclues dans les Cadres d’Action Prioritaires actualisés des États membres pour Natura 2000 pour la période de financement post-2020. »
Le plan d’action vise à contribuer au développement des instruments nécessaires aux niveaux européen et national et à établir, promouvoir et mettre en œuvre des actions dans le cadre de la politique agricole, des projets financés par le programme LIFE et dans le cadre d’autres politiques environnementales. Le cadre élaboré par la Commission européenne vise à ce que le plan d’action soit pris en compte par la PAC post-2020 (à travers la conditionnalité, les prairies permanentes, les éco-schemes, etc.) Toutefois, ce nouveau plan d’action n’a pas un caractère contraignant et la responsabilité de la mise en œuvre de ces mesures est clairement dévolue aux États Membres et aux Autorités de Gestion pour les Plans Stratégiques de la PAC. Nous ne pouvons donc qu’espérer que les États Membres donneront effectivement suite à ces recommandations.
Se référant spécifiquement aux prairies de montagne, le plan d’action souligne leur grande vulnérabilité face au changement climatique. Pour aider à chercher des solutions à cette menace, Euromontana a participé au projet LIFE OREKA MENDIAN . L’objectif du projet est de créer un équilibre durable entre la préservation et l’utilisation socio-économique des pâturages de montagne basques. Au-delà de la portée régionale du projet LIFE, un rapport centré sur les prairies de montagne européennes – et les activités humaines qui y sont pratiquées – sera publié prochainement.
10 décembre 2019