Au cours des dernières décennies, l’abandon des zones montagneuses a été largement imputable à la réduction du nombre d’exploitations pastorales et de bergers. Ces derniers mois, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture et le projet PASTRES ont publié de nouveaux rapports pour aborder le sujet du point de vue politique et expliquer comment les dispositifs politiques pourraient soutenir le pastoralisme.
Une tendance préoccupante et durable pour les activités pastorales
Le pastoralisme est crucial pour maintenir les zones de montagne vivantes et productives. Comme le rapporte l’étude d’OREKA MENDIAN, la production animale – en particulier la viande et les produits laitiers – représente 54% du chiffre d’affaires des exploitations de montagne au niveau mondial.
Pourtant, les pratiques pastorales sont aujourd’hui fortement mises en danger par les changements socio-économiques, tels que les pressions sur l’utilisation des terres et la mondialisation des marchés alimentaires, et le changement climatique. Au cours des dernières décennies, la diminution des exploitations pastorales a contribué à la désertification des zones de montagne à un rythme inquiétant. Par exemple, certaines régions comme l’Écosse ont connu une réduction du nombre d’ovins équivalente à 27 %, et de 11 % pour les bovins sur la période 2000-2010.
Quel est le rôle des cadres politiques ?
Les cadres politiques ont un rôle central à jouer pour soutenir les activités pastorales en les rendant économiquement viables et capables de compenser les défis socio-environnementaux actuels. Dans cette optique, le projet PASTRES a publié une analyse des cadres politiques qui ont un impact sur les zones pastorales en Europe.
Comme l’indique le rapport PASTRES, les politiques européennes reconnaissent « son rôle précieux et irremplaçable pour plusieurs avantages environnementaux, économiques et culturels » et le soutiennent dans les zones de montagne par le biais de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels et la stratégie De la Ferme à la Table. Toutefois, le rapport affirme qu’en pratique, l’architecture institutionnelle de l’UE et la Politique Agricole Commune sont toujours plus susceptibles de favoriser l’intensification de la production de bétail plutôt que le pastoralisme, ce qui constitue l’une des principales incertitudes pour les bergers.
Parallèlement, le récent rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) intitulé « Tracer la voie : développer des cadres juridiques et politiques nationaux pour la mobilité pastorale« , affirme qu’à l’échelle mondiale, les cadres politiques ne reconnaissent pas suffisamment le rôle du pastoralisme et ne définissent pas de cadres politiques favorables à la mobilité pastorale.
Quelles sont les conclusions ?
Les deux rapports concluent qu’au niveau européen et mondial, les bénéfices apportés par les activités pastorales à l’ensemble de la société doivent être mieux reconnus par les cadres politiques. En pratique, cela se traduirait par des législations qui simplifient et soutiennent le travail et la vie des bergers et des systèmes pastoraux. Ces législations doivent se développer sur la base de l’analyse actuelle des bonnes et mauvaises pratiques, telles que présentées dans les rapports de PASTRES et de la FAO, ainsi que dans l’étude d’OREKA MENDIAN. A cet effet, la promotion d’un Plan d’Action Européen pour le Pastoralisme pourrait aller dans ce sens et renforcer concrètement les mesures de soutien aux activités pastorales au niveau européen.
11 mars 2022