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Interview du mois: rencontre avec Gérard Viatte, ancien Directeur à l’OCDE à l’Agriculture et Conseiller Spécial de la FAO

Gérard Viatte est un expert suisse des questions économiques et de développement rural. Il a été Directeur en charge de l’Agriculture pendant plus de 10 ans à l’OCDE ainsi que Conseiller Spécial à la FAO et membre de l’Académie d’Agriculture de France. Gérard Viatte a souvent partagé avec Euromontana ses analyses sur l’économie rurale et le changement climatique, notamment lors des Assises Européennes de la Montagne de Bragança en 2016. Aujourd’hui il partage dans notre interview sa vision à long terme pour des montagnes plus intelligentes, qui relèvent les différents défis économiques, sociétaux et environnementaux du XXIème siècle.

 

Euromontana : comment envisagez-vous la contribution des montagnes à la société de demain ?

Gérard Viatte : « Les régions de montagne ont toujours été au cœur de la problématique du développement durable, dans ses trois dimensions « classiques » : environnementale, sociale et économique. Elles le sont plus encore face aux nouveaux défis auxquels les sociétés sont confrontées aujourd’hui et pour l’avenir à moyen terme, notamment l’urgence climatique et la résilience aux crises sanitaire, économique et sociale. Les régions de montagne sont affectées au premier chef par le dérèglement climatique mais elles peuvent aussi jouer un rôle clé dans les stratégies d’atténuation et d’adaptation. Répondre à ces défis exige de nouveaux types d’action, d’organisation sociale et de gouvernance. Les acteurs, privés et publics, des régions de montagne sont bien armés pour réussir ces adaptations et contribuer à ce défi global. »

 

La contribution des montagnes au développement durable est-elle toutefois prise en compte par les politiques internationales et européennes ?

« La fonte des glaciers et du permafrost, l’érosion des sols et les problèmes de gestion de l’eau sont bien identifiés et mesurés. Certes l’attention des scientifiques et des politiques s’est intensifiée mais ces trois composantes sont trop souvent analysées séparément alors qu’il faudrait une approche et une réponse globales et systémiques. Le Traité de Paris a constitué une étape décisive au niveau mondial, qui est poursuivie par les études du GIEC et les « COP annuelles ». La plupart des pays, malheureusement pas tous, mettent en œuvre progressivement des politiques qui pourraient permettre d’atteindre les objectifs du Traité de Paris.

Le Green Deal de l’UE en est un bon exemple, qui a le mérite d’être « inclusif ». Plusieurs éléments de ces politiques concernent les régions de montagne mais généralement ils ne sont pas intégrés dans une stratégie globale pour ces régions. Une lacune à combler !

Les régions de montagne sont aussi concernées par d’autres problématiques environnementales très importantes, comme la biodiversité. Les politiques doivent apporter une attention et un soutien particuliers aux régions de montagne pour qu’elles puissent continuer de renforcer la biodiversité, notamment par des types d’agriculture diversifiés et durables et par l’agroforesterie. »

 

Un autre défi auquel nous sommes confrontés est l’enjeu du développement territorial. La crise du COVID-19 n’a-t-elle pas démontré à quel point des efforts restent nécessaires en la matière ?

« Bien sûr, la crise sanitaire met en évidence la fragilité de nos sociétés et la nécessité de renforcer leur résilience. Les régions de montagne ne peuvent évidemment pas résoudre la crise sanitaire, mais elles offrent la possibilité de réduire la pression démographique des zones urbaines. Elles peuvent aider à établir un équilibre social et territorial à des sociétés de plus en plus urbaines et technologiques. Mais pour cela, il est crucial d’avoir un meilleur équilibre territorial dans tous les pays, développés et en développement. »

 

Quels sont selon vous les facteurs de développement qu’il faudra absolument développer pour atteindre cet équilibre territorial ?

« Développer l’emploi dans les régions de montagne est essentiel. C’est un objectif non seulement économique, mais aussi social et territorial. Il doit se traduire par de nouveaux types d’emplois, basés notamment sur des nouvelles technologies de communication. Le concept de « smart mountains » est donc pertinent pour l’avenir de nos régions.

Le télétravail par exemple. C’est déjà une réalité dans les zones de montagne mais son importance est maintenant décuplée. Dans le passé, on comptait sur les réseaux de transport pour décloisonner les régions de montagne ; aujourd’hui on peut miser sur les technologies de la communication, dont le coût est bien inférieur à celui des investissements réalisés au XXème siècle pour le rail ou la route.

Mais évidemment, la technologie ne suffit pas à elle seule. Elle doit être appuyée par la formation permanente et par de nouvelles structures de travail, comme les tiers-lieux et les bureaux partagés. Les populations de montagne ont eu l’habitude de travailler en communautés, elles sont donc bien préparées à une telle évolution. »

[…]

 

Gérard Viatte nous fait part de ses analyses sur l’avenir du tourisme, la durabilité, l’emploi et la gouvernance en montagne. Pour découvrir toutes ses réflexions sur l’avenir des montagnes intelligentes, lisez l’interview complète !

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3 novembre 2020

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