Que représente le patrimoine culturel en zone de montagne ? Comment mieux préserver et valoriser cette ressource ancrée dans le territoire ? Comment peut-il être un moteur des changements socio-économiques en montagne ? Ce sont les questions auxquelles Marie Clotteau, Directrice d’Euromontana, a répondu lors d’une conférence en ligne sur « Le patrimoine culturel dans les zones de montagne », organisée le 9 novembre 2021 par la Plateforme d’Apprentissage Politique d’Interreg Europe.
Marie Clotteau a insisté sur le fait que, de nature matérielle (comme les sites, les musées, les monuments,) ou immatérielle (comme les pratiques agronomiques, forestières et culinaires), le patrimoine culturel est particulièrement riche et diversifié dans les zones de montagne en Europe. Cette richesse culturelle fait partie intégrante de l’identité et de la fierté des montagnards.
Les zones de montagne n’ont pas seulement un important patrimoine culturel, elles ont également un patrimoine naturel très riche. De nombreux sites naturels présentent des aspects culturels, et leurs caractéristiques physiques, biologiques ou géologiques ont influencé la vie des montagnards. C’est ce que l’on appelle les « paysages culturels ». Ils reflètent et révèlent des techniques spécifiques d’utilisation des terres et la grande diversité des interactions entre les Hommes et leur environnement.
Face à la mondialisation actuelle, le patrimoine culturel et naturel est l’une des rares ressources ayant un potentiel de développement socio-économique directement lié aux zones de montagne, à leurs habitants et à leur mode de vie. Il s’agit d’une ressource liée au territoire et qui ne peut être délocalisée. Il peut créer davantage d’emplois, y compris dans les zones les plus reculées, et accroître l’attrait de nos montagnes.
Ce riche patrimoine culturel de montagne a également un très fort potentiel d’innovation qui peut revitaliser les zones de montagne et encourager le développement de nouvelles idées entrepreneuriales. Par exemple, et selon le projet REACH, la technologie numérique est disruptive, représente un défi, a des limites, mais est un moteur de croissance et de création de nouveaux modèles économiques. Elle a un grand potentiel pour la façon dont le patrimoine est conservé, présenté, numérisé et partagé par le biais de visualisations ou d’impressions 3D notamment.
Pour conclure, la Directrice a expliqué que le patrimoine culturel devrait être utilisé comme un facteur d’intégration et d’attractivité, pour accueillir de nouveaux habitants, en particulier dans les montagnes dépeuplées ; mais aussi pour promouvoir la transmission et la revitalisation du patrimoine culturel à travers le dialogue intergénérationnel et les programmes d’échange entre jeunes et moins jeunes, et entre les habitants des grandes zones urbaines et des petits villages comme cela a été fait dans la Résidence Baba en Bulgarie par exemple.
S’appuyant sur la Déclaration des Assises Européennes de la Montagne de Vatra Dornei sur le patrimoine culturel, Marie Clotteau a recommandé :
- De mieux reconnaître non seulement la valeur intrinsèque des zones de montagne, mais aussi leur contribution socio-économique au bien-être de tous les citoyens (y compris ceux des zones urbaines) et de rapprocher les habitants des zones urbaines et rurales par une meilleure connaissance et un meilleur partage du patrimoine culturel de la montagne.
- De soutenir les projets collectifs de montagne liés à la protection et à la valorisation du patrimoine culturel afin de renforcer la structuration de chaînes de valeur résilientes (notamment alimentaires, gastronomiques, forestières…).
- De reconnaître davantage les liens intrinsèques entre le patrimoine culturel et naturel en montagne (par exemple à travers les désignations en tant que réserves de biosphère par l’UNESCO) et le fait que les paysages culturels européens ont été façonnés par l’activité humaine, en particulier l’agriculture et l’élevage.
- De maintenir un niveau de financement adéquat pour aider à préserver et mieux développer cette ressource spécifique au territoire et ainsi créer des emplois, y compris dans les montagnes isolées.
- De renforcer les liens entre les acteurs de la recherche et de l’innovation et les acteurs de terrain, afin que les innovations puissent être directement mises en œuvre pour mieux préserver et valoriser le patrimoine culturel.
L’interview de la Directrice a été suivie de plusieurs présentations de projets : l’expérience IALP pour développer en ligne des musées alpins interactifs, EPICAH pour mieux promouvoir l’expérience culinaire transfrontalière dans les Carpates ; le Musée Lubovna en Slovaquie pour améliorer l’accès aux sites culturels pour les personnes défavorisées et le projet RAMSAT qui aide à mieux valoriser un sentier naturel dans l’Alto Alentejo au Portugal. Les présentations et de plus amples informations sont disponibles sur la page web de l’événement.
17 novembre 2021