Conférence AgriResearch 2018
La Conférence AgriResearch de l’UE a rassemblé plus de 500 personnes à Bruxelles les 2 et 3 mai 2018 qui souhaitaient en savoir plus sur les réalisations de l’UE en matière de recherche et d’innovation (R&I) agricole et rurale et de donner leur avis sur l’avenir de la R&I agricole après 2020. Toutes les présentations sont disponibles ici.
Les chercheurs et les décideurs politiques sont confrontés à un nombre important de défis agricoles et ruraux tels que la viabilité économique des petites exploitations agricoles, la santé des citoyens, la durabilité environnementale des systèmes agricoles actuels, l’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire, la prévision économique de l’impact des subventions publiques dans le secteur agroalimentaire, les propositions législatives et le budget de la PAC pour la prochaine période de programmation de l’UE, etc. Dans ce contexte, les objectifs de la conférence étaient :
- De faire le point sur la mise en œuvre de la stratégie R&I agricole de l’UE et de présenter ses premiers résultats en termes de connaissances produites et d’impacts ;
- Poursuivre le débat sur les futures politiques de l’UE en matière de R&I agricole et rurale, en particulier le futur programme-cadre de l’UE pour la recherche et l’innovation et la future PAC, en identifiant les questions clés méritant une attention particulière dans le cadre des différentes priorités stratégiques.
Etat de l’art de la recherche et de l’innovation en agriculture
La recherche et l’innovation dans l’agriculture et le développement rural sont financées par Horizon 2020 au sein du Défi sociétal 2 (SC2), ainsi que par le Partenariat européen pour l’innovation dans l’agriculture (EIP-AGRI) avec les programmes opérationnels ; et par divers autres programmes transversaux. Plus de 1,7 milliard d’euros ont été attribués à H2020 SC2 au cours de la période de programmation actuelle. La figure montre l’allocation budgétaire selon les groupes thématiques et montre également la variété des sujets couverts par ce programme de recherche.
Euromontana a participé à une session sur les « communautés rurales attrayantes, intelligentes et résilientes ». 53 projets ont été financés ou attendent des subventions couvrant cette thématique au cours de la période de programmation 2014-2020. PEGASUS et SIMRA sont deux projets H2020 auxquels Euromontana a participé dans le cadre de cette thématique et qui été présentés durant cette session, Euromontana est particulièrement fière de l’attention que ces projets ont reçu durant cette conférence importante.
- SIMRA, un acronyme anglais pour Innovation Sociale dans les Zones Rurales Marginalisées, est un projet H2020 de quatre ans (2016-2020) qui vise à catégoriser, comprendre et évaluer l’innovation sociale dans différents contextes grâce à des études de cas et à diffuser de nouvelles connaissances aux décideurs politiques.
- PEGASUS, un acronyme anglais pour Biens publics et services écosystémiques liés à la gestion des terres – Déverrouiller les synergies, est un projet H2020 de trois ans (2015-2018) axé sur l’identification des pratiques de gestion agricole qui pourraient améliorer la fourniture de biens publics et de services écosystémiques.
D’autres projets H2020 ont également été présentés aux côtés de SIMRA et PEGASUS, à savoir STRENGTH2FOOD qui travaille sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire locales et durables et SUFISA qui met en place des solutions financières durables pour l’agriculture et la pêche.
La Commission européenne a particulièrement cherché à développer l’approche multi-acteurs au cours de ces dernières années pour encourager la cocréation de connaissances et l’inclusion des nouveaux arrivants dans les projets H2020. Plus d’un milliard d’euros ont été utilisés à cette fin, en finançant 180 subventions. Environ 40% du budget H202020 est néanmoins destiné à la recherche scientifique de base.
L’UE vise à avoir une stratégie de R&I travaillant en étroite collaboration et en cohérence avec d’autres politiques européennes et nationales, ce qui encourage les synergies (avec les groupes opérationnels EIP-AGRI par exemple au niveau de l’UE). La conférence AgriResearch visait également à démontrer l’approche de l’UE en matière de mise en œuvre de la recherche et de l’innovation. Celles-ci peuvent être résumées à travers :
- Construire des synergies avec les États membres : programmes de développement ruraux, ERA-Net, stratégies de spécialisation intelligente, …. Horizon 2020 ne représente que 10% du budget de R&I dans l’UE et recherche donc des partenariats avec les États membres pour favoriser le transfert de connaissances et le renforcement des capacités.
- Créer des synergies avec le secteur privé : hubs digitaux, entreprise commune des industries basées sur la biotechnologie (BBI-JU), …
- Créer des synergies avec d’autres politiques européennes : Smart Villages, économie circulaire, LIFE, Erasmus, Interreg Europe (investissements du FEDER dans l’innovation numérique ou bio-industrielle par exemple), et bien d’autres encore. Par exemple, le projet Interreg Europe ERUDITE a été présenté lors de la conférence qui travaille sur des plans d’affaires durables pour le développement et le déploiement de services numériques.
- Développer la coopération internationale : Programmes UE-Chine ou UE-Afrique
- Innovation interactive, par le biais des activités du PEI-AGRI, telles que les réseaux thématiques qui rassemblent des personnes issues à la fois de la science et de la pratique pour créer des résultats utiles et pratiques ou des focus groupes qui rassemblent des experts, y compris des agriculteurs, des conseillers, des chercheurs et des représentants du secteur agroalimentaire, pour collecter et résumer les connaissances sur les meilleures pratiques dans un domaine spécifique. Sur cette base, les groupes identifient des idées pour la recherche appliquée et pour tester des solutions sur le terrain.
Quel avenir pour la recherche et l’innovation agricoles ?
Avant la conférence AgriResearch, Carlos Moedas, Commissaire européen chargé de la recherche, de la science et de l’innovation, a invité un groupe de haut niveau dirigé par Pascal Lamy à élaborer une vision et des recommandations stratégiques pour maximiser l’impact des futurs programmes de R&I de l’UE. Le rapport LAB-FAB-APP a été publié en juillet 2017 et fournit à la Commission européenne 11 recommandations, dont accorder la priorité à la recherche et à l’innovation dans les budgets de l’UE et les budgets nationaux et l’adoption d’une approche axée sur la mission et l’impact pour relever les défis mondiaux. L’aspect impact en particulier et la valeur ajoutée européenne des projets de recherche ont été soulignés à de nombreuses reprises au cours de la conférence AgriResearch. Dans l’avenir, il est probable que l’accent politique sera mis sur la mise en valeur et une meilleure communication de l’impact des projets de recherche.
Le prochain programme-cadre, appelé jusqu’à présent FP9, s’appellera Horizon Europe. Avec un budget proposé de 100 milliards d’euros pour la recherche et l’innovation, la Commission a affecté 10% de ce montant, soit 10 milliards d’euros, à la recherche et à l’innovation dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture, du développement rural et de la bioéconomie.
Avec ce panorama offert aux nombreux participants présents, ils ont également eu l’occasion de soulever de nouveaux besoins de recherche thématique ou des problèmes opérationnels pour améliorer l’approche R&I actuelle. Parmi les idées qui ont été soulevées figuraient un large éventail d’attentes et d’interrogations allant de la nécessité de faire face à la fatigue des acteurs ruraux quant aux nombreuses sollicitations pour participer aux projets de recherche, à l’observation que de nombreux projets aboutissent à des recommandations politiques et des stratégies publiques qui devraient être mises en œuvre pour atteindre leur impact. Les conférenciers et les participants ont également souligné l’importance des approches participatives, des partenariats, des réseaux pour mener des projets de recherche significatifs et atteindre l’impact escompté. Cela s’inscrit dans le droit fil des conclusions de la 11ème conférence de l’OCDE sur le développement rural (voir notre news ici) et des travaux en cours de la Commission européenne sur les Smart Villages (voir notre news ici).
14 mai 2018