Le 25 juin 2019, Euromontana a participé à une conférence à Bruxelles sur le thème « l’agriculture sociale et sanitaire : opportunité de travail, partenariat social et inclusion » organisé par le projet Care-T-Farms. Care-T-Farms est un projet financé par le programme Erasmus + et vise à encourager l’utilisation des fermes comme lieux de promotion de la santé mentale et physique ainsi que du bien-être.
Qu’est-ce que l’agriculture sociale ?
L’agriculture sociale, également connue sous le nom d’agriculture de soins, est basée sur le principe de l’utilisation des exploitations agricoles comme prestataires de services sociaux et de santé. Si l’agriculture sociale convient à tous les âges, elle s’adresse particulièrement aux personnes handicapées, âgées et souffrant de maladies. L’utilisation d’activités agricoles génère différents bénéfices, y compris une meilleure estime de soi et un sentiment d’inclusion, ainsi qu’une amélioration de la santé et du bien-être.
Les fermes sociales, plutôt que d’être des exploitations agricoles spécialisées, sont pour la plupart des fermes multifonctionnelles. Ainsi, elles proposent souvent des activités liées à l’horticulture, à l’élevage – généralement très attractif pour les bénéficiaires – et à la transformation alimentaire traditionnelle. Les petites exploitations multifonctionnelles sont les lieux ciblés pour la mise en œuvre de l’agriculture sociale, puisque les agriculteurs ont déjà de l’expérience dans l’accueil de personnes, par exemple à travers l’agrotourisme. De plus, contrairement aux fermes spécialisées, les fermes diversifiées peuvent offrir une gamme plus large d’activités au cours de l’année et selon les saisons.
Le Dr Gabrielle Rocca, Président de l’Association Mondiale pour la Réhabilitation Psychologique (WAPR) a expliqué comment les centres de psychiatrie ont évolué au cours du XXe siècle, passant de l’utilisation des patients pour effectuer un travail afin de réduire les coûts, à la proposition d’activités ou de travail en vue de leur réhabilitation sociale et mentale. Cependant, alors que la prise en charge est de plus en plus institutionnalisée, l’agriculture sociale offre une réelle opportunité d’offrir des soins en dehors des diverses institutions sanitaires, centres de psychiatrie et maisons de retraite.
Comment devenir une ferme sociale ?
L’agriculture sociale s’inscrit dans l’idée que certaines activités peuvent améliorer l’inclusion sociale et la confiance en soi. Au cours du projet, les partenaires de Care-T-Farms ont réalisé une étude auprès de bénéficiaires potentiels. Les résultats montrent que la valeur ajoutée la plus significative des fermes sociales, au-delà des activités réalisées et de l’environnement naturel, provient de l’engagement et du respect des agriculteurs. Ainsi, les partenaires ont créé 3 modules de formation, visant à donner aux agriculteurs les compétences de base pour fournir à la ferme des soins sociaux et de santé, avec une compréhension globale des besoins des bénéficiaires. Chaque module de formation s’adresse à un public spécifique et fournit un niveau de connaissances différent en fonction du bagage des agriculteurs :
- Le module « Care Farm Manager » s’adresse aux agriculteurs qui ont de l’expérience dans l’accueil de personnes sur leur ferme, dans le cadre de visites scolaires, d’agrotourisme ou d’activités de dégustation alimentaire par exemple. Il donne une compréhension détaillée de la planification des activités des fermes sociales, en mettant l’accent sur la pertinence et l’accessibilité pour tous les participants.
- Le module « Care Farm Tuteur » s’adresse aux agriculteurs, aux ouvriers agricoles et aux élèves du secondaire qui n’ont aucune expérience de l’accueil. Il vise à donner une compréhension de base des activités quotidiennes associées au tutorat dans une ferme sociale.
- Le module « Care Farm Educateur social et / ou sanitaire » s’adresse aux travailleurs sociaux, psychologues et psychiatres ayant de l’expérience dans l’aide et l’assistance thérapeutique. Ce module fournira des connaissances spécialisées sur la planification de cours liés à l’agriculture sociale en tant que traitement ou intervention extra-clinique.
Comment davantage promouvoir l’agriculture sociale?
Les trois modules sont conformes aux différents niveaux du Cadre Européen des Certifications (CEC). Bien qu’il s’agisse de l’idée initiale, les cours ne peuvent fournir pour l’instant de crédits d’éducation. Cependant, la Confederazione italiana agricoltori (CIA) – membre d’Euromontana et partenaire du projet Care-t-Farms – explore la possibilité d’organiser à l’avenir un Master en agriculture sociale dans une université italienne. La CIA a également organisé des ateliers sur le sujet en Italie, afin de promouvoir le concept auprès des agriculteurs. Par ailleurs, un décret relatif aux « Dispositions sur l’agriculture sociale » du 18 août 2015 a été adopté pour donner des orientations aux agriculteurs souhaitant mettre en œuvre les principes et activités de l’agriculture sociale. Le décret vise à promouvoir « l’agriculture sociale, en tant qu’aspect de la multifonctionnalité des entreprises agricoles, visant à développer les interventions et les services sociaux, sanitaires et éducatifs et le placement socioprofessionnel, afin de faciliter un accès adéquat aux services essentiels pour les familles et communautés locales sur tout le territoire national et en particulier dans les zones rurales et défavorisées ». L’agriculture sociale est définie dans ce décret comme toute pratique agricole visant à fournir un soutien thérapeutique, un placement professionnel aux personnes handicapées, des services sociaux et une éducation alimentaire et environnementale. Le décret stipule que les municipalités, les écoles et les hôpitaux doivent promouvoir les produits fournis par les fermes sociales par le biais d’appels d’offres publics et que les régions doivent tenir compte de ces produits dans l’élaboration de leurs Plans de Développement Rural.
D’autres partenaires du projet Care-t-Farms explorent des moyens d’encourager le développement de fermes sociales en contactant les écoles et universités d’agronomie, les services sociaux et de santé ainsi que les décideurs politiques du secteur agricole. Les partenaires du projet ont également exprimé leur souhait de développer davantage l’agriculture sociale à travers le concept de Village Intelligent, en renforçant les différentes fonctions des agriculteurs dans les zones rurales tout en proposant en même temps des soins sociaux et sanitaires innovants en dehors des zones urbaines.
L’agriculture sociale est une des activités à développer dans une ferme multifonctionnelle. Les fermes sociales sont un moyen novateur de fournir des soins sociaux et de santé à la ferme et peuvent être une véritable opportunité pour les zones de montagne. La spécificité de l’agriculture de montagne, de ses traditions et de ses produits est un atout important pour l’agriculture sociale. De plus, c’est un moyen pour les agriculteurs de montagne de fournir des services multifonctionnels qui vont au-delà du secteur du tourisme. L’agriculture sociale offre également l’opportunité d’améliorer l’inclusion en zones de montagne. C’est un exemple intéressant d’innovation sociale, qui rappelle la « Thérapie Montagne » développée en Italie, que vous pouvez découvrir dans la brochure sur les services ruraux du projet SIMRA.
Pour plus d’informations sur l’agriculture multifonctionnelle, veuillez lire « Comment la multifonctionnalité peut-elle répondre aux défis de l’agriculture de montagne ? », où vous pouvez également accéder à un module de formation sur la promotion de différents paysages, y compris les montagnes, par le biais de pratiques agricoles multifonctionnelles durables. Si vous souhaitez plus de détails sur l’agriculture sociale dans l’UE ou dans votre pays, veuillez lire les rapports nationaux et européens sur l’état des lieux de l’agriculture sociale, réalisés dans le cadre du projet Care-T-Farms.
3 juillet 2019